Publié le 08/09/2020

Certes, l’on peut toujours se moquer de la couleur des cheveux d’un certain président américain, mais il faut quand même reconnaître qu’aux Etats-Unis et en Europe, entre 50 % et 80 % des femmes et 10 % des hommes de plus de 40 ans se colorent les cheveux.

Or le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), agence de l’OMS, a récemment classé les colorants pour cheveux comme étant cancérigènes (groupe 2A) dans le cadre d’une exposition professionnelle. L’exposition liée à un usage personnel était quant à elle estimée comme « non classifiable) (groupe 3).

Les colorants pour cheveux sont de plusieurs types : oxydants (permanents), directs (semi-permanent ou transitoire) et naturels. Les produits assurant une coloration permanente sont de loin les plus utilisés, mais aussi les plus agressifs et suscitent le plus de questions quant à leur innocuité.

Pour mieux préciser les risques d’une utilisation personnelle des colorations permanentes, une équipe états-unienne a analysé les données de plus de 117 000 participantes à la Nurses’ Health Study, suivies pendant 36 ans.

Légère augmentation du risque de carcinome basocellulaire cutané et de certains cancers gynécologiques

Les résultats sont rassurants. Il n’est pas observé d’augmentation du risque de la plupart des types de cancers, ni de la mortalité en rapport avec le cancer, chez les participantes adeptes de la coloration permanente. Toutefois, une association positive est retrouvée pour la survenue de certains cancers : le carcinome basocellulaire de la peau, dont le risque est légèrement augmenté (Hazard Ratio 1,05 ; intervalle de confiance à 95 % 1,02 à 1,08), et, de façon non significative, le cancer du sein (non hormono-dépendant) et le cancer de l’ovaire (le risque étant dose-dépendant pour ces deux derniers).

Des résultats mitigés sont constatés pour certains cancers lors de l’analyse stratifiée selon la couleur naturelle sur laquelle la coloration est appliquée (lymphome hodgkinien chez les femmes ayant des cheveux naturellement foncés et carcinome basocellulaires chez les femmes ayant les cheveux naturellement clairs).

Les auteurs indiquent que ces résultats ne peuvent être généralisés en dehors de la catégorie des femmes états-uniennes blanches, participantes majoritaires à cette étude. D’autres travaux sont nécessaires pour explorer le risque selon différents paramètres comme les populations, les génotypes, les périodes d’exposition, ou encore les produits utilisés.

Dr Roseline Péluchon

RÉFÉRENCE: Zhang Y et coll. : Personal use of permanent hairdyes and cancer risk and mortality in US women: prospective cohort study. BMJ 2020;370:m2942

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