Revue de presse Mediscoop du 11-06-2021

Chimiothérapie et grossesse : un risque de malformations congénitales augmenté au cours du premier trimestre

Par Mme Aude Rambaud (Saint-Germain-en-Laye) [Déclaration de liens d’intérêts] – Date de publication : 11 juin 2021

Une chimiothérapie effectuée au cours du premier trimestre de grossesse est associée à un risque accru de malformation par rapport à une initiation plus tardive.

Néanmoins, d’après une étude parue dans le JAMA, l’âge gestationnel précis auquel une chimiothérapie peut être initiée en toute sécurité est incertain.

Évaluer les taux de malformations congénitales associés à l’âge gestationnel auquel a été initiée une chimiothérapie chez des femmes enceintes atteintes d’un cancer.

Tel était l’objectif de cette étude de cohorte multicentrique parue dans le JAMA.

Elle a inclus toutes les femmes enceintes ayant reçu une chimiothérapie entre 1977 et 2019 enregistrées dans la base d’un réseau international Cancer, infertilité et grossesse (INCIP).

L’analyse s’est concentrée sur les malformations enregistrées par EUROCAT, un registre pour la surveillance épidémiologique des anomalies congénitales et couvrant 1,5 million de naissances dans 20 pays d’Europe.

Au total, 755 femmes ont été incluses dans l’analyse.

L’âge médian au moment du diagnostic du cancer était de 33 (14-48) ans.

Le taux de malformations majeures chez les enfants nés de ces femmes était de 3,6% (2,4% – 5,2%) et le taux de malformations mineures était de 1,9% (1,0% – 3,1%).

L’exposition à la chimiothérapie avant 12 semaines d’âge gestationnel était associée à un taux bien plus élevé de malformations congénitales majeures : 21,7% (7,5%-43,7%) soit un risque multiplié par presque 10 (OR 9,24 ; 3,13-27,30).
Lorsque la chimiothérapie a été initiée après ces 12 semaines d’âge gestationnel, la fréquence des malformations congénitales majeures retombait à 3% (1,9%-4,6%), comparable au taux attendu en population générale.

Pour les malformations mineures, le risque était équivalent avant ou après ce seuil de 12 semaines : 4,3% (0,1%-22%) vs 1,8% (1-3).
Sur 29 femmes ayant reçu une chimiothérapie avant 12 semaines de grossesse, la majorité (17) n’avait pas connaissance de la grossesse et 6 ont fait une fausse couche ou ont décidé d’interrompre leur grossesse.

Référence : Mathilde van Gerwen et al.- Association of Chemotherapy Timing in Pregnancy With Congenital Malformation –

Retrouvez l’abstract en ligne : JAMA Netw Open. 2021;4(6):e2113180.