Publié le 20/03/2019
Certaines catégories d’aliments sont-elles associées à une prise ou au contraire une diminution de poids ?
La réponse est oui. En effet, au-delà de leur apport calorique, certains aliments peuvent favoriser ou réduire la prise de poids, par des mécanismes de satiété (fibres par exemple), de biodisponibilité de nutriments (lipides des noix), ou d’effets métaboliques (fructose des sucres ajoutés lié à l’obésité abdominale). Pour aborder cette question, les auteurs ont entrepris des méta-analyses d’études prospectives réalisées avec différents groupes d’aliments chez des adultes. La notion d’influence sur le poids était évaluée selon 3 critères : apparition de surpoids/obésité, d’obésité abdominale ou gain pondéral au fil du temps (de l’ordre de 1,5 à 2 kg/an, sur 4 à 12 ans). Les chercheurs ont sélectionné des études rapportant des risques (Odds ratio, OR, Hazard Ratio, HR ou Risque relatif RR). Quarante-trois publications au total ont été retenues.
Implication dans une diminution du poids
– Les céréales complètes. Une baisse de risque de surpoids ou d’obésité de 7 % est observée par tranche de 30 g de produit (RR 0,93 ; intervalle de confiance à 95 % IC95% : 0,89 – 0,96). Au fil des années, ces 30 g/j sont aussi associés à une diminution de risque de gain pondéral de 9 % cette fois (RR 0,91 ; IC95% : 0,82 – 1,02), mais il n’y a plus d’effets au-delà de 50 g/j.
– Les fruits. Pour 100 g/j, le risque de surpoids et obésité est diminué de 7 % (RR 0,93; IC95% : 0,86- 1,00). Toujours pour 100 g/j, le risque de prise de poids dans le temps est abaissé de 9 % (RR 0,91; IC95% : 0,86 – 0,97) mais ce jusqu’à 300 g/j seulement.
– Les noix. Le risque d’obésité abdominale est sensiblement diminué (RR 0,42 ; IC95% : 0,31 – 0,57) par incrémentation de 28 g/j de noix. On observe une baisse de risque de surpoids ou d’obésité jusqu’à 10 g/ j avec des effets moins clairs au-delà de cette quantité.
– Les légumineuses. Elles sont associées à une diminution de risque de surpoids ou d’obésité de 12 % par incrémentation de 50 g/j (RR 0,88 ; IC95% 0,84 – 0,93).
– Le poisson. Le risque d’obésité abdominale baisse de façon linéaire, jusqu’à atteindre un plateau à partir de 40 g/j. A 40 g/j, la baisse de risque atteint 17 % (RR 0,83 ; IC95% : 0,71 – 0,97).
Implication dans une prise de poids
– Les céréales raffinées sont associées au surpoids et à l’obésité, avec une augmentation de risque de 5 % par tranche de 30 g (RR 1,05 ; IC95% : 1,00 – 1,10), mais cette augmentation commence à partir de 90 g/j.
– La viande rouge. Pour 100 g/j, elle est associée à une augmentation de risque d’obésité abdominale de 10 % (RR 1,10 ; IC95% : 1,04 – 1,16) et de prise de poids au fil du temps de 14 % (RR 1,14 ; IC95% : 1,03 – 1,26).
– Les boissons sucrées. Pour une quantité de 250 ml/j, elles sont associées au risque de surpoids et d’obésité (+5 %, RR 1,05 ; IC95% : 1,00– 1,11) et d’obésité abdominale (+12 %, RR 1,12 ; IC95 1,04 – 1,20).
En ce qui concerne l’obésité abdominale, le risque s’accroît nettement jusqu’à 300 ml, puis continue à augmenter faiblement ensuite.
Ces résultats doivent être interprétés avec prudence, car chaque méta analyse est souvent réalisée sur un petit nombre d’études, compte tenu des critères d’exclusion et des 3 classes de critères de jugement. Ils demandent donc à être confirmés.
Ils ont toutefois le mérite de mettre ces grandes catégories d’aliments en perspective pour contribuer à prévenir surpoids, obésité et obésité abdominale.
Dr Viviane de La Guéronnière
RÉFÉRENCE : Schlesinger S et coll., 2019. Food Groups and Risk of Overweight, Obesity, and Weight Gain: A Systematic Review andDose-ResponseMeta-Analysis of ProspectiveStudies. Adv Nutr 2019; 10: 205–218; doi: https://doi.org/10.1093/advances/nmy092.
Copyright © http://www.jim.fr