Publié le 18/12/2020

Les formes sévères de la Covid-19 sont exceptionnelles chez l’enfant, mais elles peuvent comporter, comme chez l’adulte des manifestations neurologiques.

Une nuance sépare cependant les uns des autres : c’est la possibilité d’un processus inflammatoire évolutif dans la phase de latence des atteintes pédiatriques, tout particulièrement dans le cadre du syndrome dit PIMS-TS (paediatric inflammatory multisystem syndrome-temporally associated with SARS-CoV-2).

C’est à ce stade qu’ont été décrits la plupart des signes neurologiques de la Covid-19 dans des observations isolées ou des cas cliniques avec, dans certaines publications, le signalement d’anomalies en neuro-imagerie.

Il manquait à l’évidence une série conséquente de patients pédiatriques pour préciser la sémiologie radiologique des atteintes neurologiques sous-jacentes.

Une initiative de l’American Society of Pediatric Neuroradiology

C’est dans ce contexte que l’American Society of Pediatric Neuroradiology a lancé une étude multicentrique internationale à laquelle ont participé dix pays. Ainsi ont pu être réunis 38 cas de manifestations neurologiques survenues chez des enfants atteints d’une infection par le SARS-CoV-2 le plus souvent biologiquement confirmée, provenant des pays suivants : France (n = 13), Royaume-Uni (n = 8), Etats-Unis (n = 5), Brésil (n = 4), Argentine (n = 4), Inde (n = 2), Pérou (n = 1) et Arabie Saoudite (n = 1).

Toutes les données cliniques et biologiques (plasma et LCR) ont été centralisées et passées en revue dans un premier temps par un panel d’experts regroupant un neuroradiologue, un pédiatre et un infectiologue.

Les IRM, pour leur part, ont été analysées par cinq neuroradiologues spécialisés en pédiatrie.

Une sémiologie IRM variable

Cette neuro-imagerie a révélé des anomalies plus ou moins récurrentes de gravité variable. Le plus souvent (n = 16), il s’agissait d’un aspect d’encéphalomyélite aiguë post-infectieuse ou ADEM (Acute disseminated encephalomyelitis), d’allure non spécifique traduisant un processus inflammatoire auto-immun capable de détruire les gaines de myéline.

Chez huit enfants, le tableau « radiologique » était celui d’une myélite aiguë et chez treize autres, il y avait une prise de contraste localisée aux paires crâniennes.

Cette dernière a été observée même en l’absence de signes neurologiques.

Une atteinte de la partie la plus postérieure du corps calleux -le splenium- a été mise en évidence chez sept patients et un aspect de myosite de la tête ou du cou chez quatre autres, le plus souvent dans le cadre d’un syndrome inflammatoire multisystémique.

Les complications cérébrovasculaires décrites chez l’adulte n’ont été que rarement observées dans cette série pédiatrique.

Aucune pathologie préexistante n’a été identifiée et le pronostic vital s’est avéré favorable dans l’immense majorité des cas, même en cas d’anomalies jugées sévères en IRM.

Cependant, chez quatre enfants qui étaient en parfaite santé avant la survenue de la Covid-19, des infections atypiques fulminantes se sont développées au cours de l’évolution et ont abouti au décès en l’espace de quelques jours.

Des séquelles neurologiques ont été observées en cas d’anomalies jugées sévères lors de l’IRM initiale.

Pas d’aspect spécifique et un pronostic fonctionnel incertain

Cette étude qui porte sur un effectif relativement conséquent permet de dresser un portrait des anomalies révélées par la neuro-imagerie dans les formes « neuropédiatriques » de la Covid-19.

La sémiologie IRM apparaît à la fois riche et quelque peu atypique : aucun aspect spécifique ne signe l’infection par le SARS-CoV-2, mais en période de pandémie, le neuroradiologue doit être à même d’évoquer le diagnostic devant un faisceau de signes, dominé par le tableau d’encéphalite aiguë post-infectieuse disséminée, associé ou non à des signes plus atypiques : atteinte des paires crâniennes ou du splénium, myélite ou encore myosite.

L’existence d’un syndrome inflammatoire multisystémique propre aux formes pédiatriques de la maladie doit tout particulièrement alerter.

Enfin, le pronostic fonctionnel de ces formes neurologiques de la Covid-19 reste à déterminer, ce que ne permet pas cette étude rétrospective…

Dr Philippe Tellier

RÉFÉRENCE : Lindan CE et coll. : Neuroimaging manifestations in children with SARS-CoV-2 infection: a multinational, multicentre collaborative study. Lancet Child Adolesc Health, 2020 ; publication avancée en ligne le 15 décembre. doi.org/10.1016/ S2352-4642(20)30362-X.

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Syndrome inflammatoire chez l’enfant et SARS-CoV-2 : alerte en Europe