Damien Coulomb   | 04.06.2019

cannabis thérapeutiqueLe Quotidien du Médecin

Crédit Photo : PHANIE Zoom

Alors que le cannabis thérapeutique est autorisé dans un nombre croissant de pays, la question de son usage, de ces indications, et des risques associés, reste très débattue. Lors du congrès de la société américaine d’oncologie clinique (ASCO) qui se termine ce mardi 4 juin à Chicago, le Dr Claude Cyr (université Mc Gill de Montréal) a résumé les attentes et la prudence suscitées par ce nouveau moyen de lutte contre la douleur, l’insomnie, l’anxiété, la dépression, les nausées et l’anorexie des patients pris en charge pour un cancer.

« Le cannabis est un des rares composés qui peut traiter tous ces symptômes », a expliqué ce spécialiste québécois de la gestion de la douleur lors d’une session de formation consacré à la question. Toutefois, « plus cela avance, plus on réalise que le cannabis n’est pas aussi anodin que cela », prévient-il. Au micro de nos collègues de France Info, le Dr Cyr va même plus loin : « Il y a des études qui démontrent que, dans certains cas, [le cannabis] pourrait favoriser la prolifération tumorale. »

Des contre-indications déjà identifiées

Au cours de sa présentation, le Dr Cyr a insisté sur le fait que « le cannabis devrait être envisagé chez tous les patients en phase terminale ». Il pointe toutefois un certain nombre de risques, et notamment celui de l’aggravation des troubles psychotiques, voire leur apparition chez des patients prédisposés. « Le cannabis peut aussi provoquer de l’hypertension et des syncopes, mais cela peut être évité par une titration prudente […] Il faut aussi éviter le cannabis thérapeutique chez les patients sous anti-PD1 et anti-PD-L1. L’année dernière, une étude a en effet montré que le cannabis pouvait réduire l’efficacité de tels traitements. »

Retours d’expérience

Plusieurs équipes présentes à l’ASCO ont publié des retours d’expériences concernant l’usage du cannabis thérapeutique dans leurs services de cancérologie. Ainsi, une équipe de l’hôpital Beaumont, dans le Michigan, a mené une enquête auprès de 188 patients atteints de différentes formes de cancer, de différents stades (38 % de tumeurs solides de stade précoce, 41 % de tumeurs solides métastatiques, 21 % de cancers hématologiques).

Le cannabis médical était utilisé par un quart des patients.

Les patients déclaraient une amélioration de leurs symptômes douloureux dans 81 % des cas, une amélioration de leur appétit dans 77 % des cas, de leur anxiété dans 73 % des cas et de leur tolérance au traitement dans 54 % des cas.

Source : Lequotidiendumedecin.fr

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Le cannabis thérapeutique nuirait à l’efficacité des chimiothérapies

Pascal MARIE | 04.06.2019

cannabisLe Quotidien du Pharmacien

Phanie Zoom

L’usage du cannabis thérapeutique en oncologie présenterait des risques, selon certaines études évoquées lors du Congrès mondial du cancer à Chicago. Dans certains cas, Il diminuerait l’efficacité de la chimiothérapie.

S’il soulage la douleur et agit sur d’autres symptômes, le cannabis thérapeutique n’aurait pas que des bénéfices pour les personnes atteintes de cancer et qui suivent un traitement par chimiothérapie. Présents lors du Congrès mondial de l’American society of clinical oncology (ASCO) le 2 juin, à Chicago, des experts canadiens et américains ont voulu alerter sur le sujet alors que l’usage du cannabis en oncologie concerne de plus en plus de patients à travers le monde. Le médecin canadien Claude Cyr a notamment rappelé qu’il manquait « des preuves sur son efficacité dans chaque situation ».

Chercheur sur ce sujet pour l’université McGill, il estime la situation « confuse » et regrette que l’on « ne sache pas grand-chose sur les effets secondaires ». Devant des cancérologues venus des quatre coins du globe, Claude Cyr a évoqué de récents travaux montrant les conséquences néfastes de l’usage du cannabis thérapeutique. « Des études démontrent que dans certains cas cela pourrait faire augmenter la taille des tumeurs. »

Si ces études restent à confirmer, le Dr Cyr et ses confrères appellent à la prudence concernant l’usage du cannabis thérapeutique alors que l’on découvre au fur et à mesure ses interactions avec d’autres traitements anticancéreux.

Alors qu’un comité doit se prononcer dans quelques semaines sur le lancement d’une expérimentation en France, le cannabis médical est déjà autorisé depuis plus de 10 ans au Canada. À l’heure actuelle, peu de cancérologues canadiens le prescrivent faute d’avoir un produit standardisé dont les effets seraient parfaitement connus.

« Dans les pays où il est déjà autorisé, le cannabis médical est prescrit de façon un peu intuitive, sans trop savoir quelle dose et quel type de plante donner selon chaque situation », précise ainsi le Dr Audrey Lebel, oncologue à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil et présente à Chicago.

« Le cannabis est probablement l’une des seules substances qui peut réduire une multitude de symptômes : la douleur, l’insomnie, l’anxiété, la dépression, les nausées, l’anorexie mais plus cela avance, plus on comprend qu’il n’est pas aussi anodin que cela », conclut le Dr Cyr.

Source : Lequotidiendupharmacien.fr