Revue de presse Mediscoop du 17-12-2018
Carole Mathelin,Présidente de la Société internationale de sénologie (SIS) et présidente de la commission de sénologie du Collège national des gynécologues-obstétriciens (CNGOF) alerte dans Le Figaro : « Sur l’ensemble des nouveaux cancers du sein diagnostiqués chaque année en France, 24 % concernent en effet des femmes de 75 ans et plus 48 % des décès concernent les femmes de 75 ans et plus* ». « Ce problème va s’amplifier dans les années qui viennent, notamment du fait du vieillissement de la population générale : 20 % des femmes auront plus de 70 ans en 2030 », ajoute-t-elle. Or, « En France, les femmes âgées de plus de 75 ans sont exclues du dépistage organisé du cancer du sein », rappelle l’article.
« Les cancers du sein de la femme âgée présentent des caractéristiques clinico-pathologiques et évolutives différentes de celles de la femme jeune. Le vieillissement s’accompagne de la survenue plus fréquente de tumeurs mammaires aux caractéristiques histologiques beaucoup plus favorables que chez les jeunes. Pris à temps, ces cancers du sein sont donc de meilleur pronostic », fait savoir la spécialiste. « Problème : du fait de l’arrêt trop fréquent des mammographies et des examens cliniques mammaires, les femmes âgées viennent aujourd’hui trop souvent consulter avec des tumeurs de grande taille, des atteintes ganglionnaires et parfois d’emblée des métastases », observe-t-elle. « Les lésions très précoces ne sont diagnostiquées que chez 5 % de la population âgée. Conséquence : on observe une augmentation après 80 ans du taux de récidive locale à 5 ans et de la mortalité spécifique par cancer du sein », résume-t-elle.
« L’évaluation onco-gériatrique (…), devrait être demandée lorsque les choix thérapeutiques sont difficiles. Dans certaines situations, une hormonothérapie seule est parfois prescrite, mais son efficacité ne s’applique qu’aux tumeurs hormono-sensibles », indique la spécialiste. « Isolement social, précarité, troubles cognitifs et handicaps, plus fréquents chez les sujets âgés, conduisent parfois à une non-observance thérapeutique et à des décès par généralisation des tumeurs mammaires », souligne-t-elle. « Résultat : les survies à 3 ou 5 ans après traitement d’un cancer du sein chez une femme âgée sont nettement diminuées en comparaison avec les femmes plus jeunes**», déplore-t-elle.
« En France, l’arrêt du dépistage organisé est trop souvent considéré comme la fin du risque mammaire. Par les femmes, qui pensent souvent moins nécessaire de voir un gynécologue passé les 75 ans. Mais aussi par les médecins traitants qui les suivent, omettant de s’intéresser à leur santé mammaire », remarque la spécialiste. « Jusqu’à 85 ans, la première cause de mortalité de la femme âgée touchée par un cancer du sein, c’est le cancer lui-même et pas les comorbidités. Il est donc indispensable de corriger ce manque d’information des femmes. C’est pour cette raison que le CNGOF et la SIS se mobilisent pour la santé du sein de la femme âgée », annonce CaroleMathelin.
« La précocité du diagnostic reste toujours le meilleur garant d’une amélioration de pronostic », insiste-t-elle.
*état de santé de la population en France – rapport 2017. Dress, Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques).
**Eurocare-5 study, Eur J Cancer 2015
Date de publication : 17 décembre 2018