Actualités – publiée le 27/11/2019 par Équipe de rédaction Santélog
Environmental Science & Technology Letters
Les photo-initiateurs (IP), des composés utilisés dans l’encre de nombreux types d’emballages alimentaires, sont retrouvés jusque dans le lait maternel, conclut cette recherche de l’Université de Toronto. Il a déjà été démontré que ces substances nocives peuvent migrer dans les aliments et se retrouver dans le sérum sanguin humain.
Pour la première fois, ces chercheurs les détectent dans le lait maternel, et si les niveaux ingérés par les nourrissons allaités restent en deçà du seuil toléré par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), cette étude, présentée dans les Environmental Science & Technology Letters, pose la question des risques possibles associés à l’exposition simultanée à plusieurs IP et durant plusieurs mois, au cours de cette période si sensible de la vie.
La photopolymérisation est largement considérée comme une technologie « verte » pour la fabrication de matériaux sensibles à la lumière, tels que les encres, les revêtements et les résines qui peuvent être solidifiées par ultraviolets (UV). Dans ce processus, la lumière UV dégrade les IP en radicaux libres et autres substances actives qui durcissent l’encre. Cependant, tous les IP ne sont pas utilisés au cours de la réaction chimique, et certains restent détectables dans les aliments, l’air intérieur et, finalement, dans le sérum sanguin. À des niveaux élevés, certains IP ont des effets toxiques ou cancérogènes. Cette équipe montre qu’une partie de ces IP passe dans le lait maternel et est fi,alement ingérée par les nourrissons.
La quantité maximale ingérée par le nourrisson reste 4 fois inférieure au niveau de sécurité fixé par l’EFSA
Les chercheurs ont utilisé la spectrométrie de masse pour analyser des échantillons de lait maternel prélevés chez 60 femmes et détecté 15 IP différents et cela dans une large gamme de concentrations : de 0,46 ng / mL à 81,7 ng / mL.
La benzophénone (BP) – potentiellement cancérogène – représente 79% du total des IP détectés et la substance est détectée dans 97% des échantillons de lait maternel.
Les chercheurs notent que la BP est un produit naturel également présent dans des fruits tels que le raisin, ce qui pourrait également contribuer à sa concentration dans le lait maternel.
- En se basant sur la consommation moyenne de lait maternel des nourrissons de différents âges, l’équipe a estimé que les nourrissons de moins d’un mois recevait l’apport quotidien le plus élevé en IP.
- Toutefois, la quantité maximale ingérée calculée par les chercheurs reste environ 4 fois inférieure au niveau de sécurité fixé par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), ce qui suggère un risque limité pour la santé des nourrissons allaités.
Cependant ces résultats, inquiétants, appellent à mener des études plus poussées en particulier sur les risques possibles d’une exposition du nourrisson à des combinaisons d’IP, cela sur plusieurs semaines ou mois, à une période d’extrême vulnérabilité.
Source : Environmental Science & Technology Letters November 6, 2019 DOI : 10.1021/acs.estlett.9b00626 Photoinitiators in Breast Milk from United States Donors: Occurrence and Implications for Exposure in Infants