Actualités – publiée le 7/05/2019 par Équipe de rédaction Santélog
34th Annual EAU Congress
Cette étude, très pertinente du point de vue du patient, montre une nouvelle fois l’importance du traitement holistique des patients atteints de cancer de la prostate et notamment l’importance dans cette prise en charge globale, de faire appel à des professionnels en psycho-oncologie. Cette équipe du Rigshospitalet (Copenhague) révèle en effet un risque accru de dépression avec un traitement hormonal chez les patients atteints de cancer de la prostate. Des conclusions présentées au 34è Congrès de l’European Association of Urology qui font valoir une augmentation possible de 80% du risque de dépression, avec ce type de traitement.
Les chercheurs danois suggèrent que les patients recevant une hormonothérapie soient surveillés pour détecter une dépression post-chirurgicale. Les médecins sont d’ailleurs de plus en plus conscients que, pour de nombreux hommes, le diagnostic et le traitement du cancer conduisent à la dépression et que les taux de suicide augmentent de manière disproportionnée chez ces patients. L’étude confirme ce constat chez les patients qui reçoivent un traitement de déprivation androgénique après une prostatectomie radicale. Un résultat important, alors que 25% des patients subissant une prostatectomie radicale rechutent, et se voient alors proposer un traitement hormonal. Ici, ces hommes semblent présenter un risque accru de dépression une fois le traitement hormonal initié.
Déprivation androgénique et risque très accru de dépression : cette hormonothérapie a pour but de contrôler la croissance des cellules tumorales, rappelle l’auteur principal, le Dr Anne Sofie Friberg, « cependant, nous constatons ici que ce traitement est également associé à la dépression ». C’est la conclusion de l’analyse des données des dossiers médicaux de 5.570 patients inscrits au registre danois du cancer de la prostate. L’analyse constate que 773 (soit plus de 12%) de ces hommes ont également été traités pour une dépression après leur chirurgie. Or les patients traités par déprivation androgénique s’avèrent 1,8 fois plus susceptibles de souffrir de dépression. En revanche, la radiothérapie après prostatectomie radicale ne semble pas associée à la dépression.
Pourquoi ? Le traitement empêche la production d’hormones androgènes, comme la testostérone. D’autres études ont montré qu’une faible teneur en testostérone peut affecter le bien-être d’un homme. Il est donc possible qu’une limitation de la production de testostérone puisse avoir le même effet, notamment après un stress important, comme un diagnostic et une chirurgie du cancer.
La prostatectomie est déjà associée à un risque accru de dépression : c’est la deuxième conclusion de l’étude : après la chirurgie, la dysfonction érectile et l’incontinence urinaire sont des symptômes fréquents. En cas de récidive et de traitement hormonal, ces symptômes peuvent s’aggraver. De plus, l’altération de l’image corporelle et la perte de libido sont courantes. Tous ces facteurs concourent au risque de dépression.
Le traitement du cancer de la prostate, comme d’autres cancers et maladies, peut entraîner d’autres problèmes. C’est pourquoi il s’agit, et tout particulièrement dans ce cas, de traiter le patient dans sa globalité, en optant donc pour une approche multidisciplinaire dont la prise en charge psycho-oncologique.
Source: 34th Annual EAU (European Association of Urology) Congress 17-Mar-2019 Hormonal treatment may trigger depression in men with prostate cancer
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