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Cela n’a échappé à personne : les quatre Ultim rencontrent des conditions de mer violentes entre Rio et Cape Town. La faute à une dépression virulente, mais surtout à une houle croisée casse-bateau. Maxi Edmond de Rothschild, mené par Franck Cammas et Charles Caudrelier, s’est fait la belle en marchant bien plus vite que ses adversaires. Mais un regroupement pourrait bien s’établir rapidement. Explications avec Marcel Van Triest, le routeur du bateau leader. Même dans les coups de tabac, Maxi Edmond de Rothschild possède un potentiel de vitesse supérieur à ses trois concurrents sur cette Brest Atlantiques. Même dans les coups de tabac, Maxi Edmond de Rothschild possède un potentiel de vitesse supérieur à ses trois concurrents sur cette Brest Atlantiques. | ALEXIS COURCOUX – Didier RAVON. Publié le 16/11/2019 à 19h07

Marcel Van Triest n’est pas que grand par la taille (deux mètres). Le Néerlandais qui vit aux Baléares est reconnu pour son talent, réputé depuis des années pour sa science de la météo et du routage.

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Peyron à Joyon, en passant par Bidegorry ou Caudrelier, pour ne citer qu’eux.

Il a non seulement disputé cinq Volvo Ocean Race comme navigateur, gagné la fameuse Admiral’s Cup avec les Français de Corum, mais aussi routé ou conseillé aussi un nombre incalculable de marins dans les Transats et autres tours du monde, de Peyron à Joyon, en passant par Bidegorry ou Caudrelier, pour ne citer qu’eux.

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Maxi Edmond de Rothschild ( en jaune ) en tête et au-dessus de la dépression dans l’Atlantique Sud. | WINDY / BREST ATLANTIQUES

Il est de cette même école – Bernot, Dumard and co – qui, avant de tenter de décrypter les routes optimales, ont beaucoup régaté et gagné les plus grandes compétitions.

La première question que tout le monde se pose, c’est pourquoi Maxi Edmond de Rothschild marche aussi vite dans ces conditions – il faut le dire épouvantables, aux dires du récit de Ronan Gladu, le mediaman de Actual Leader ?

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Edmond de Rothschild s’est offert samedi des vitesses souvent supérieures de 10 nœuds aux trois autres Ultim. | YANN RIOU / POLARYSE / GITANA S

« Dans une trentaine de nœuds de vent et une mer de trois mètres, merdeuse, grâce à la particularité de Gitana 17 et la connaissance du bateau par Franck ( Cammas. N.D.L.R. ) et Charles ( Caudrelier – NDLR ), on arrive à naviguer plus vite (30 nœuds vers midi quand les autres étaient à 20 – NDLR ) » explique Marcel Van Triest.

Jean-Yves Bernot, qui route de son côté François Gabart et Gwénolé Gahinet sur Macif, confirme : « Oui, ils jouent sur le point fort du bateau, d’autant qu’ils ont la – raie manta – sous la dérive, alors que les autres ne l’ont plus. »

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Jamais un seul appel téléphonique !

« Il vaut mieux une longue houle de plus de cinq mètres derrière que cette mer de face » précise Marcel Van Triest. « Macif et Sodebo ont été pris par la convergence de deux systèmes cette nuit (entre le 15 et le 16 novembre ; NDLR ). Ce n’était pas vraiment un front froid comme on a l’habitude d’en voir en Bretagne. Tu avais de l’ado sur la gauche et de la molle, et ils se sont fait prendre, et ont perdu une bonne vingtaine de milles. »

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Charles Caudrelier de quart, entre chien et loup. | YANN RIOU / POLARYSE / GITANA SA

On a forcément envie de lui demander comment il fonctionne avec Franck et Charles : « On ne se parle pas du tout au téléphone ! Ça fait longtemps que je ne cause plus avec un bateau. Un, il y a tellement de bruit à bord que tu peux perdre des mots essentiels, et deux, mon sale accent hollandais ( il parle pourtant un français parfait N.D.L.R ) fait que du coup, l’on ne communique que par brefs messages écrits et en anglais ! La voix aujourd’hui, c’est dépassé sur ces bateaux. Ils posent des questions. Je réponds. J’envoie ce que j’ai dans la tête, ce que je ressens et vois. »

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Cammas et Caudrelier échangent par message avec leur routeur à longueur de journée. | YANN RIOU / POLARYSE / GITANA SA

Marcel n’envoie aucun bulletin ni cartes. « De toute façon ils ont tout à bord et du métier ! La stratégie ils connaissent. C’est plutôt : ‘ Tu ne veux pas lofer de deux, abattre de trois…’»

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L’air de rien, entre le routeur et le tandem, c’est plus d’une centaine de messages dont une trentaine avec des photos sat et des cartes ou croquis fléchés qui sont échangés chaque jour.

Dorsale à venir !

Jean-Yves Bernot pense que « la dorsale anticyclonique à venir, devant, pourrait bien ralentir Edmond de Rothschild, et de fait créer un nouveau regroupement ».

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Marcel Van Triest à la table à carte (à droite) avec Pascal Bidégorry. | STICHELBAUT / BPCE

Marcel Van Triest voit trois trucs, mais confirme : « D’abord, il y a une petite dépression devant qui va nous arrêter aujourd’hui en fin de journée (samedi 16 – NDLR ), et qui ne va pas gêner les autres. C’est toujours le problème quand tu es devant. Donc on va ralentir en soirée et perdre entre 30 et 40 milles ».

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« Ensuite, en arrivant vers les îles de Gough (Tristan de Cuhna), il y a un anticyclone devant, juste là avant les zones de glace. Il va juste y avoir un tout petit passage pour plonger dessous. Après, le plus dur va être de passer de l’autre côté de l’anticyclone, car « plein cul » sans aller vers les glaces. Je pense que l’on pourra passer. J’espère que le premier qui va y rentrer sera aussi le premier à en sortir. »

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Maxi Edmond de Rothschild ( en jaune ) en tête et au-dessus de la dépression dans l’Atlantique Sud. | WINDY / BREST ATLANTIQUES

Et pour conclure, le routeur ajoute sans ambages : « Dans les deux jours qui viennent, je nous vois que perdre ! ». C’est dit, et ça pourrait une fois de plus relancer cette fantastique Brest Atlantiques !

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