Revue de presse Mediscoop du 19-07-2018

Le Parisien

Le Parisien consacre sa Une et une double page au « goût alcool, la mode qui dérange ». Le journal constate en effet que « les confiseries ou les sirops imitant le goût de certains cocktails inquiètent les addictologues qui redoutent l’impact de cette mode chez les plus jeunes ».
Elsa Mari évoque ainsi ces « parfums que l’on retrouve jusque dans les cornets de glace, les gels douche et les crèmes pour le corps. Un véritable phénomène qui surfe sur les boissons alcoolisées tendance de l’été, vendues dans les enseignes et boutiques françaises, bien loin des zincs. D’autres industriels déroulent la carte des bars le long des rayons de supermarchés en proposant des sirops caïpirinha, margarita, gin-fizz ».

La journaliste observe : « Ces images publicitaires peuvent-elles avoir un impact sur le public et, surtout, les enfants ? Évidemment, répondent les addictologues, indignés ». William Lowenstein, président de SOS Addictions, souligne qu’« en matière de santé publique, c’est d’une bêtise folle. Les souvenirs d’enfance jouent un rôle une fois adulte. Cela les conduira plus tard à sous-estimer le risque de l’alcool, c’est la même farce qu’avec le Champomy ».

Le spécialiste ajoute qu’« avec ces produits, on surfe sur une vague mortelle, à laquelle tout le monde s’habitue : 50.000 décès par an, c’est 12 fois plus que les morts de la sécurité routière ! […] Sur le tabac, on a vraiment avancé, mais pas sur cette autre catastrophe sanitaire. En France, on est l’un des premiers producteurs de vin au monde, forcément, ça compte ».
Christophe Moreau, sociologue expert des conduites addictives, remarque quant à lui : « D’un côté, on a interdit l’alcool aux mineurs ainsi que la publicité, il y a une volonté de protéger le consommateur, et, de l’autre, on fait la promotion de la fête, on met en place un marketing comme le montrent ces produits ».
Il rappelle que « le facteur environnemental compte. Une étude publiée dans la revue Addictions, l’an dernier, a montré que le marketing avait un impact réel peu importe le pays ».
Cédrick Maurel, directeur marketing de Lutti, qui commercialise notamment un bonbon au goût mojito, répond que « chacun est libre de penser ce qu’il veut, mais nous nous inspirons plutôt de la mode des mocktails (NDLR : terme anglais qui désigne de faux cocktails) qui cartonnent aujourd’hui bien plus que les vrais sur les cartes des bars. Et notre cible est adulte, on vise les 25-49 ans ».

Elsa Mari souligne que « la loi, en tout cas, n’interdit pas leur vente. […] Mais, comme ils font référence à des boissons alcoolisées, c’est considéré «comme de la publicité indirecte». Comble de l’ironie, ces jus de fruits, sirops et bonbons sans alcool devraient donc, selon la DGS [direction générale de la santé], porter la mention «l’abus d’alcool est dangereux pour la santé» ».
Le Parisien livre le témoignage d’enfants qui, « à 11 ans, connaissent déjà la recette du mojito ! », ainsi que les propos du Pr Amine Benyamina, psychiatre et addictologue à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne), qui « estime que ces nouveaux produits aux noms de cocktails favorisent le passage à la consommation de «vrai» alcool à l’âge adulte ».

Le spécialiste, président de la Fédération française d’addictologie, déclare que « les industriels jouent sur l’ambiguïté en s’adressant à des adultes, mais il s’agit tout de même de bonbons. Ces méthodes ne sont ni anodines, ni naïves, elles me font penser aux cigarettes au chocolat qui avaient été interdites dans les années 2000. On offre de l’alcool sans alcool à des jeunes ».
Le Pr Benyamina observe que ce phénomène marketing « donne une image positive et permissive. Les enfants et les ados peuvent se dire, plus tard, je consommerai ces cocktails. Il s’agit d’une éducation au goût. Ce marketing les prépare à en boire, on est dans la banalisation complète de l’alcool ».
Et concernant la prévention, le praticien observe : « Il est indiscutable que l’État est en dessous de tout. Totalement tétanisé par le lobby de l’alcool qui est très puissant dans l’Hexagone et fait vivre 550.000 personnes. Les élus sont sous leur joug. En France, il n’y a pas de plan stratégique. Certains en sont encore à se demander si la bière et le vin sont de l’alcool. […] Il faut des mesures sur les taxes, la publicité, mais on ne les a toujours pas ».

Date de publication : 19 juillet 2018

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BFMTV –  Santé   –  Les bonbons au goût de cocktails alcoolisés dans le viseur des addictologues –  19/07/2018

bonbons

De plus en plus de bonbons proposent des goûts « mojito », « piña colada », « Spritz »… (Photo d’illustration) – Joël Saget – AFP

La mode des confiseries et produits aux goûts de cocktails populaires mais sans alcool inquiète les addictologues, qui craignent que cela conduise enfants comme parents à sous-estimer le risque de l’alcool.

Sodas au goût mojito, sirop Piña colada, bonbons Spritz… Les confiseries et boissons aux saveurs de cocktails – mais sans alcool – se multiplient dans les rayons, au grand dam des addictologues. Ceux-ci craignent que cela incite les enfants à se tourner vers des boissons alcoolisées plus tard, déjà accoutumés au goût et à l’idée de boire ces cocktails.

« En termes de santé publique, c’est d’une bêtise folle. Les souvenirs d’enfance jouent un rôle, une fois adulte. Cela les conduira plus tard  sous-estimer le risque de l’alcool, c’est la même farce qu’avec le Champomy », dénonce dans Le Parisien William Lowenstein, président de SOS Addictions.

L’addictologue rappelle que l’alcool cause près de 50.000 morts par an en France, bien loin devant les chiffres de la sécurité routière. En 2009, c’était la deuxième cause de mortalité évitable en France, derrière le tabagisme.

« On est dans la banalisation complète de l’alcool »

« Il s’agit d’une éducation au goût. Ce marketing les prépare à en boire, on est dans la banalisation complète de l’alcool », note par ailleurs Amine Benyamina, psychiatre et addictologue, dans Le Parisien.

S’il rappelle les facteurs familiaux, génétiques ou traumatiques liées à l’alcoolisme, le sociologue Christophe Moreau souligne dans les colonnes du quotidien que « l’environnement compte ». « Une étude publiée dans la revue Addictions, l’an dernier, a montré que le marketing avait un impact réel, peu importe le pays ».

L.A.