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Marlene Busko – 4 avril 2022

Washington DC, Etats-Unis – La consommation régulière de café, plus particulièrement celle de deux à trois tasses quotidiennes, est non seulement sans danger pour le cœur mais pourrait aussi être cardioprotectrice.

Telle est la conclusion d’une triade d’analyses basées sur la cohorte prospective UK Biobank.

3 analyses en faveur du café

Les patients indemnes de maladie cardiovasculaire (MCV) avec ce niveau de consommation de café – deux ou trois tasses quotidiennes – ont un risque de décès significativement réduit et un taux de manifestations de MCV (dont la diminution s’étale entre 8 et 15% sur une période de 10 ans), comparés à ceux qui n’en boivent pas.

Dans une analyse distincte, chez les participants qui ont une MCV au départ, une amélioration significative de la survie est aussi mise en évidence avec deux ou trois tasses de café par jour et sans risque accru d’arythmies.

Dans une troisième analyse des données, les bénéfices cliniques – pour le même niveau de consommation de café – ont été observés aussi bien avec le ‘’café instantané’’ (auquel on ajoute de l’eau) qu’avec le café préparé à partir des grains moulus.

Quelques cliniciens mettent [encore] en garde leurs patients au sujet de la consommation de café signalant que cette boisson peut déclencher ou aggraver certaines affections cardiaques, observe le Dr Peter M. Kistler du Alfred Hospital and Baker Heart and Diabetes Institute à Melbourne (Australie).

Mais les analyses actuelles suggèrent que « la prise quotidienne de café ne doit pas être découragée mais plutôt considérée comme faisant partie d’une alimentation saine. »

Les analyses actuelles suggèrent que « la prise quotidienne de café ne doit pas être découragée mais plutôt considérée comme faisant partie d’une alimentation saine. Dr Peter M. Kistler

Le Dr Kistler et ses collègues ont présenté ces différentes analyses aux sessions scientifiques de l’American College of Cardiology (ACC) 2022.

Il a exposé quelques-uns des résultats et les a commentés lors d’une conférence de presse en avant-première.

Les participants à l’étude UK Biobank, en fin de la cinquantaine pour ce qui est de la moyenne d’âge, ont colligé leur consommation quotidienne et leur café préféré dans un questionnaire.

Les chercheurs ont observé le plus souvent une courbe en U entre le nombre quotidien de tasses et l’incidence de MCV : insuffisance cardiaque, maladie coronarienne athérosclérotique (MCAS), accident vasculaire cérébral, fibrillation auriculaire, arythmies en général et décès pendant une période de 10 ans.

« C’est une [douce] musique, je pense, pour les oreilles de la plupart de nos patients, mais aussi pour des nombreux cardiologues, que ceux qui parmi nous qui se réveillent tôt et restent tard à l’hôpital consomment une grande quantité de café » remarque la Dr Katie Berlacher cheffe associée de la formation cardiologique à l’University of Pittsburgh Medical Center, Pennsylvania.

Ne pas déconseiller le café à ceux qui en boivent

Les analyses ont été basées sur une grande cohorte et sont en accord avec de précédents modèles concernant la survenue d’événements cardiovasculaires, observe-t-elle.

Ces résultats pourraient avoir « un impact sérieux pour nos pratiques cliniques courantes, puisque certains mettent en garde les patients à risque ou ceux ayant une MCV au sujet de la consommation de café » dit-elle à theheart.org/Medscape Cardiology par courriel.

Mais surtout « ces études ne sont pas causales » ajoute-t-elle « aussi nous ne pouvons pas aller jusqu’à recommander la consommation de café, sauf à réaliser des études randomisées prospectives afin d’élucider le type de relation entre café et MCV».

Le café, explique le Dr Kistler « est le stimulant cognitif le plus connu.

Il vous réveille, vous rend plus incisif mentalement et c’est un composant très important dans la vie de tous les jours pour beaucoup de personnes, » affirme-t-elle à theheart.org/Medscape Cardiology.

« Le message à retenir, » écrit-elle « est que les cliniciens ne devraient pas conseiller aux patients d’arrêter de boire trois tasses de café par jour. »

En revanche, « chez ceux qui ne boivent pas de café, nous n’avons pas de données suggérant qu’ils devraient commencer à en boire, » ajoute-t-elle.

En outre, les gens ne doivent pas nécessairement augmenter leur consommation de café, surtout si cela les rend anxieux ou inconfortable.

Des bénéfices qu’il existe ou non une affection cardiaque

Dans la cohorte UK Biobank, les chercheurs ont identifié 382 535 participants qui n’avaient pas de MCV à l’entrée. L’âge moyen était de 57 ans, 52% étaient des femmes.

Ceux qui ont mentionné la prise régulière de deux ou trois tasses de café par jour avaient un risque significativement réduit de MCV, MCAS, insuffisance cardiaque, arythmies et décès toutes causes sur la période de 10 ans (P<0,01 sur tous les points étudiés) comparés à ceux qui n’en consommaient pas.

Les rapports de risque [Hazard Ratios] (HR) et les intervalles de confiance (IC) à 95% étaient les suivants :

  • HR : 0,91 ; 95% IC : 0,88-0,94 pour les MCV
  • HR, :0,90 ; 95% IC : 0,87-0,93 pour la MCAS
  • HR : 0,85 ; 95% IC : 0,81-0,90 pour l’insuffisance cardiaque
  • HR : 0,92 ; 95% IC : 0,88-0,95 pour les arythmies
  • HR : 0,86 ; 95% IC : 0,83-0,90 pour les décès toutes causes.

Le risque des décès par MCV était au plus bas niveau pour une tasse de café par jour (HR : 0,83 ; IC 95% : 0,75-0,93).

Le risque le plus faible d’accident vasculaire cérébral était de moins d’une tasse de café par jour (HR : 0,85 ; IC 95% : 0,75-0,96)

Une analyse distincte a montré les mêmes résultats dans une autre catégorie de participants à UK Biobank : à savoir, ceux qui présentaient une MCV à l’inclusion.

Parmi 34 279 individus, ceux qui prenaient deux à trois tasses de café par jour avaient un risque réduit de décès à 10 ans (HR : 0,92 ; IC 95% : 0,86-0,99 ; P= 0,03) par rapport à ceux qui n’en prenaient pas.

Parmi les 24 111 sujets qui souffraient d’arythmie, à l’inclusion, le taux le plus faible de mortalité était observé avec une tasse quotidienne (HR : 0,85 ; IC 95% : 0,78-0,94 ; P<0,01).

Chez ceux qui avaient une fibrillation auriculaire ou un flutter, une tasse quotidienne était associée à un HR 0,82 (IC 95% : 0,73-0,93 ; P<0,01) concernant la mortalité.

Dans une autre analyse émanant de la cohorte UK Biobank, l’incidence des MCV et décès durant le suivi de 10 ans était réduit de la même manière chez les participants qui buvaient du café en grains moulu ou du café instantané, comparativement aux non-buveurs de café.

Le café décaféiné était la plupart du temps neutre ou sans effet significatif sur les critères de l’étude.

Le taux le plus faible de risque de MCV observé était associé à la consommation de deux ou trois tasses par jour chez ceux qui consommaient régulièrement du café en grains (HR : 0,83 ; IC 95% 0,79-0,87) et ceux qui prenaient habituellement du café instantané (HR : 0,91 ; IC 95% : 0,88-0,95).

Mécanismes potentiels, limites de l’étude

« La caféine bloque les récepteurs de l’adénosine, ce qui expliquerait ses légers effets antiarythmiques » explique le Dr Kistler.

« Les buveurs habituels de café qui se présentent aux urgences souffrant d’une tachycardie supra ventriculaire ont souvent besoin de plus fortes doses d’adénosine pour convertir [le trouble du rythme en rythme sinusal]. »

La caféine joue un rôle dans la perte de poids en inhibant l’absorption des graisses par le tractus digestif et en augmentant le métabolisme de base, ajoute le Dr Kistler et le café a été associé avec la diminution significative de la survenue d’un diabète de type 2.

La caféine joue un rôle dans la perte de poids en inhibant l’absorption des graisses par le tractus digestif et en augmentant le métabolisme de base. Dr Peter M. Kistler

Par ailleurs, les grains de café contiennent plus de 100 composants biologiques actifs, précise-t-il.

Cela concerne les polyphénols antioxydants, qui diminuent le stress oxydatif et modulent le métabolisme.

Le meilleur taux de survie constaté chez les consommateurs habituels de café pourrait être en rapport avec l’amélioration de la fonction endothéliale, le taux des antioxydants circulants, une amélioration de la sensibilité à l’insuline ou la diminution de l’inflammation, indiquent les chercheurs.

Le meilleur taux de survie constaté chez les consommateurs habituels de café pourrait être en rapport avec l’amélioration de la fonction endothéliale, le taux des antioxydants circulants, une amélioration de la sensibilité à l’insuline ou la diminution de l’inflammation.

Ils reconnaissent quelques limites à leurs analyses.

La cause et l’effet ne peuvent pas être déterminées par ces données observationnelles.

Par ailleurs une tasse de café au Royaume-Uni contient 200 à 250mL de liquide, mais sa teneur en caféine peut varier de 90 à 250 mg.

Aussi les données concernant l’ajout de sucre et/ou de lait ne sont pas mentionnées.

Enfin, les adhérents à la UK Biobank sont principalement des caucasiens, ces résultats ne seront donc pas généralisables aux autres populations.

Les abstracts ne signalent pas la proportion de fumeurs dans les sous analyses.

Théoriquement les participants ayant des antécédents de MCV devraient moins fumer….

La tasse de café est souvent associée à la cigarette, il serait intéressant de savoir si l’impact positif du café, est observé chez les fumeurs.

Cela sera probablement dans l’article final. Un autre point de discussion au sujet des polyphénols est la réduction de la mortalité mentionnée dans le résumé 3 avec tous les types de café y compris avec le café décaféiné (effet neutre sur les arythmies ou les MCV).

UK Biobank est un registre développé au Royaume Uni qui évalue les prédispositions génétiques et les effets liés aux comportements et à l’environnement sur la survenue de maladies. JPU

L’article a été publié initialement sur Medscape.com sous l’intitulé Coffee Drinking May Cut Heart Disease Risk, Prolong Survival. Traduit par le Dr Jean-Pierre Usdin

LIENS

Références

  1. Session scientifique 2022 de l’American College of Cardiology.Les effets de la consommation habituelle de café sur l’incidence des maladies cardiovasculaires, des arythmies, de la mortalité : résultats de la UK Biobank. Présentation du 3 avril. [1]
  2. La consommation régulière de café est associée à une réduction de la mortalité dans les maladies cardiovasculaires. Présentation du 3 avril[2]
  3. Café, moulu, instantané ou décaféiné ? Impact des différents sous-types de café sur l’incidence des arythmies, des maladies cardiovasculaires et la mortalité. Présentation du 3 avril [3]

Crédit image de Une : Dreamstime

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Citer cet article: Boire du café peut diminuer le risque de cardiopathie, voire prolonger la survie – Medscape – 4 avr 2022.