Actualités  – publiée le 23/04/2019 par Équipe de rédaction Santélog

Esthétique

Si le blanchiment dentaire est donc bien un traitement esthétique, il n’en requiert pas moins l’expertise clinique de praticiens qualifiés, spécialisés et formés à la technique du blanchiment.

Un sourire plus blanc pour une image sociale toujours plus parfaite ? Le blanchiment des dents est devenu l’une des procédures dentaires les plus demandées par le public et de nombreuses options s’offrent aujourd’hui aux usagers de santé, dont des dentifrices, des gels et des bandelettes en vente directe et à usage à domicile. Les patients peuvent opter également pour les procédures plus efficaces en cabinet ou en centre dentaire, menées sous supervision professionnelle, avec application d’agents de blanchiment plus concentrés, comme le peroxyde d’hydrogène.

Un choix certainement plus sécure, car si la profession et le public ont pris conscience de certains risques liés au blanchiment des dents, tels qu’une sensibilité accrue des dents et une irritation gingivale, de récentes recherches suggèrent d’autres risques et plaident ainsi pour les procédures de blanchiment professionnelles qui limitent la sensibilité des dents et augmentent la persistance du blanchiment.

Depuis la réglementation européenne de 2012 (1), les produits de blanchiment dentaire contenant du peroxyde d’hydrogène relèvent de la catégorie des produits cosmétiques. Cette réglementation a également restreint l’utilisation de ces produits de blanchiment dentaire, dont « la première utilisation devrait être limitée aux praticiens de l’art dentaire » (2). Désormais, seuls les chirurgiens-dentistes peuvent utiliser des produits de blanchiment contenant une concentration en peroxyde d’hydrogène comprise entre 0,1 % et 6 % alors que les produits destinés aux consommateurs ne peuvent dépasser une concentration de 0,1 %.

A la lecture de de ces règlementations, si l’on comprend que l’apparition de tâches sur les dents n’est pas en soi une maladie (2), si le blanchiment dentaire est donc bien un traitement esthétique, il n’en requiert pas moins l’expertise clinique de praticiens qualifiés, spécialisés et formés à la technique du blanchiment.

L’exposition de tissus sensibles au peroxyde d’hydrogène : Comme tous les produits cosmétiques par définition (3), les produits de blanchiment et/ou d’éclaircissement sont « destinés à être en contact avec une partie superficielle du corps humain », en l’occurrence avec les dents et accessoirement la muqueuse buccale, dont on connait la vulnérabilité à toute agression, notamment chimique, avec des effets de perte d’intégrité, de lésions voire de tumeur. Quant aux dents, leurs 3 couches (l’émail, la couche sous-jacente de dentine sous-jacente et le tissu conjonctif qui lie les racines à la gencive) sont toutes sensibles à l’action du peroxyde d’hydrogène. La technique de blanchiment dentaire doit donc bien veiller à protéger les gencives et à adapter la concentration de peroxyde dans le gel appliqué sur l’émail dentaire.

Un véritable protocole clinique, de l’évaluation buccodentaire au geste technique : Au niveau du protocole de soins même, le dentiste doit préalablement réaliser un examen clinique afin de vérifier l’absence de facteurs de risque ou de pathologie orale préexistante. En fonction de « la bouche » du patient, le praticien doit savoir adapter l’exposition au gel de blanchiment en termes de dosage, de durée et de fréquence. C’est également le praticien qui choisit le gel de blanchiment et la technique d’application, ce qui implique une formation préalable à ces techniques et une expérience suffisante en routine clinique. Enfin le praticien initie mais surpervise aussi la « première utilisation », garantissant ainsi un bon niveau de sécurité et l’absence de toxicité. Enfin, son rôle de conseil est essentiel : l’abandon du tabac, une réduction de la consommation de café ou de soda, l’observance d’une meilleure hygiène buccodentaire peuvent aussi contribuer à réduire le « jaunissement » des dents.

De nombreuses études médicales ont déconseillé l’utilisation directe, par les consommateurs, de produits accessibles au grand public contenant du peroxyde d’hydrogène, même en faible concentration. Ces études ont en effet documenté, avec ce type d’utilisation, des lésions sur l’émail dentaire. Les plus récentes suggèrent en cas d’utilisation directe, des lésions qui vont atteindre jusqu’à la dentine (4), une dégradation de ses protéines dont le collagène (5) et un blocage de la cicatrisation (6) … Les usagers de santé doivent donc être informés des risques associés aux produits de blanchiment des dents en vente libre et doivent rechercher l’aide de professionnels, si nécessaire (7).

On ne pourra donc que conseiller le choix d’une procédure supervisée par un praticien confirmé, en cabinet ou en centre de santé dentaire, plus sûre, plus efficace et aux résultats plus durables.

Biblio :

  1. Directive du conseil 2011/84/UE du 20 septembre 2011 modifiant la directive 76/768/CEE relative aux produits cosmétiques en vue d’adapter son annexe III au progrès technique
  2. Décision de police sanitaire du 09 juillet 2013 (19/07/2013)
  3. Article L.5131-1 du code de la santé publique
  4. Experimental Biology 2019 Degradation of Proteins Extracted from Teeth by Hydrogen Peroxide
  5. Experimental Biology 2019 Effect of Hydrogen Peroxide on Collagen
  6. Experimental Biology 2019 Effect of Hydrogen Peroxide on Hydrolysis of Proteins
  7. Journal of Evidence-Based Dental Practice 2014 doi: 10.1016/j.jebdp.2014.02.006 Tooth Whitening: What We Now Know

(Visuel n°2: dentego.fr)