https://www.jim.fr/e-docs/00/02/A6/90/carac_photo_1.jpg Publié le 17/09/2018

Préserver sa mobilité est essentiel au cours du vieillissement. Ainsi, la difficulté ou l’incapacité à parcourir 400 m sont associés à une augmentation du nombre des hospitalisations, au handicap et à la mortalité. Si des maladies chroniques (cardiovasculaires, diabète, obésité, troubles sensoriels…) peuvent réduire la mobilité, la baisse progressive des forces et masses musculaires sont aussi en cause. En revanche, une activité physique suffisante et une bonne alimentation seraient protectrices.

Ici, les auteurs ont recherché chez 1 264 hommes britanniques âgés de 66 ans en moyenne, sans limitation physique au départ, si leur alimentation avait un impact sur leur mobilité 15 ans plus tard. L’alimentation a été analysée selon deux modèles. Critères alimentaires tout d’abord, proches du régime méditerranéen (fruits, légumes, légumineuses, pain sous forme complète, autres céréales, huile d’olive, produits laitiers maigres, poisson, et prise modérée de viande, pour le Elderly Dietary Index EDI). Critères nutritionnels ensuite (limitation en graisses saturées, sucres et cholestérol ; prise équilibrée en protéines, glucides, fibres et graisses polyinsaturées ; consommation suffisante en fruits, pour le Healthy Diet IndicatorHDI). La limitation de la mobilité a été évaluée sur la difficulté à montrer ou descendre les escaliers, ou à parcourir 400 m environ, rapportée par les participants.

Un score favorable pour le EDI ou le HDI (comparé à un faible score) est apparu associé à une diminution marquée de la limitation de la mobilité, de 50 à 45 %, après ajustements socio-économiques et sur l’âge, la prise de tabac, d’alcool et d’énergie (EDI : Odds Ratio OR 0,50, intervalle de confiance à 95 % IC 95 % 0,34-0,75, p < 0,001 ; et HDI : OR 0,55, IC 95 % 0,35-0,85, p < 0,001 ). La prise en compte supplémentaire de l’IMC, de l’activité physique, de coronaropathies, et du niveau de la CRP a peu modifié ces résultats, qui restent dans tous les cas hautement significatifs voire plus importants.

Un modèle alimentaire particulièrement délétère

Lors de l’exploitation des données, les auteurs ont identifié par analyse en composante principale un modèle alimentaire ayant une influence particulièrement nette. Une prise élevée de graisses saturées et pauvre en fibres, comparée au modèle opposé, multiplie le risque par 3,28. Ce régime comporte en pratique beaucoup de viande rouge, de charcuteries, de pommes de terre frites, de pain blanc, d’œufs et de bière, et peu de pain complet.

Pour expliquer ces résultats, les auteurs évoquent les effets antioxydants et anti-inflammatoire de l’alimentation méditerranéenne, déjà associés à la force et aux performances physiques, et, favorablement, aux marqueurs cardiovasculaires. Et pour conclure, ces données plaident pour une véritable prise de conscience de ces bénéfices sur la limitation de la mobilité chez les séniors, pour améliorer le bien-être, la santé et en réduire les coûts.

Dr Viviane de La Guéronnière

RÉFÉRENCE

Parsons TJ et coll. : Healthier diet quality and dietary patterns are associated with lower risk of mobility limitation in older men. European Journal of Nutrition, 2018. doi: 10.1007/s00394-018-1786-y.

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