CANCÉROLOGIE Par Marielle Ammouche le 09-05-2017

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Un rapport de l’Institut national du cancer (INCa) fait le point sur les connaissances concernant l’intérêt de l’activité physique au cours du cancer. Il confirme son efficacité non seulement sur la fatigue et la qualité de vie, mais aussi sur la réduction de la mortalité et des récidives.

A côté de son utilité largement prouvée dans le cadre des pathologies cardiovasculaires, les bénéfices d’une activité physique ou sportive sont actuellement bien établis en prévention primaire du cancer. Mais, de plus en plus d’études mettent en évidence un possible intérêt de cette activité en prévention secondaire voire tertiaire, c’est-à-dire pendant la prise en charge thérapeutique, pour améliorer la qualité de vie et l’efficacité du traitement, et après la maladie pour éviter les récidives. La loi de modernisation de notre système de santé (26 janvier 2016) introduit ainsi la notion de prescription d’une activité physique adaptée à la pathologie, aux capacités physiques et au risque médical dans le cadre du parcours de soins des patients atteints d’une affection longue durée (ALD), et notamment de cancer.

Mais qu’en est-il réellement ? Et quelles activités physiques sont les plus efficaces ? Un rapport récent de l’Institut national du cancer (INCa) fait le point sur ces questions, ainsi que sur les freins et les leviers identifiés à la pratique. Intitulé « bénéfices de l’activité physique pendant et après cancer : des connaissances scientifiques aux repères pratiques », il analyse les données de la littérature scientifique sur ce sujet. Et leurs conclusions confirment l’intérêt de l’activité physique et de la réduction de la sédentarité tout au long de la maladie.

Allongement de l’espérance de vie et réduction des récidives

Tout d’abord, les auteurs ont pu établir que l’activité physique avait un impact positif sur la survie et le risque de récidive. Les études disponibles portent particulièrement sur les cancers du sein, colorectal ou de la prostate. Leurs conclusions montrent que « la pratique d’une activité physique post-diagnostic est associée à une réduction de la mortalité globale d’environ 40 % dans ces études ». Les effets les plus marqués sont constatés pour les quantités d’activité physique par semaine les plus élevées, mais restent néanmoins significatifs avec une activité moindre (5 MET.h/semaine).

Amélioration de la qualité de vie

Par ailleurs, le cancer est souvent associé à un état d’intolérance à l’exercice pouvant être à l’origine d’une diminution de l’autonomie, de la qualité de vie, de l’estime de soi et d’une augmentation des manifestations physiques et psychologiques de la fatigue. Après analyse de la littérature, les auteurs du rapport concluent que l’amélioration des capacités cardio-respiratoires a été démontrée avec différents programmes d’activité physique. L’impact positif est aussi prouvé concernant la qualité de vie (QDV). Et ce, que les programmes soient initiés pendant ou après les traitements. Une plus longue durée du programme d’intervention (>8 ou même >18 semaines selon les études) semble optimiser cet effet. L’intensité doit augmenter progressivement « jusqu’à un niveau optimal qui reste encore à déterminer », précisent les auteurs du rapport.

Les bénéfices sont prouvés sur la fatigue, qui est le symptôme le plus fréquemment ressenti par les patients, avec une efficacité maximale lorsque l’activité physique est proposée dès le début du traitement.  La réduction de la fatigue varie de 25 à 35% selon les études. En revanche, les données sont insuffisantes concernant les troubles anxio-dépressifs, l’estime de soi ou encore la douleur.

Amélioration de la tolérance des traitements

Les données de la littérature suggèrent, en outre, un impact positif de l’activité physique sur la réduction des effets indésirables liés aux traitements.

Ainsi, les différents programmes d’activité physique ont tendance à réduire les complications péri-opératoires, ainsi que les effets indésirables des traitements hormonaux en maintenant ou augmentant la masse musculaire et en prévenant la perte osseuse. Si la pratique régulière d’une activité physique est un facteur protecteur cardiovasculaire reconnu, les études ne permettent cependant pas de conclure à son efficacité en prévention de la cardiotoxicité de certains traitements.

De façon générale, « les effets bénéfiques décrits ont été observés pour une pratique d’activité physique mixte (développement des capacités cardio-respiratoires et renforcement musculaire), comportant des exercices d’intensité modérée à élevée avec une quantité hebdomadaire proche de celle recommandée en France pour la population générale (30 min par jour d’AP au moins 5 jours par semaine) », précise l’INCa.

Le rôle des proches et des professionnels de santé

Différents facteurs concourent au manque d’engagement des personnes cancéreuses pour ce type d’activité. Il s’agit de barrières d’ordre physique (fatigue, douleur), environnemental et organisationnel (contraintes temporelles, géographiques, financières), et psychologique (croyances négatives, manque de motivation). Parmi les leviers pouvant être soulevés pour motiver les patients, les auteurs du rapport soulignent le rôle des proches et d’une information précoce sur ce sujet. Ils suggèrent l’intérêt du recours aux méthodes de communication à distance (conseil téléphonique, internet, applications smartphone, etc.), notamment chez les patients les plus jeunes. L’INCa ajoute que « les professionnels de santé ont un rôle important à jouer dans l’engagement des patients dans la mise en pratique de l’AP, sans programmation trop rigide, avec une pratique régulière même de faible niveau qui constitue toujours un acquis par rapport à l’état sédentaire ».

Sources : 

Institut national du cancer (INCa), 30 mars 2017.