Publié le 03/09/2018
Selon plusieurs travaux, l’intensité du plaisir ressenti avec le goût sucré serait associée à la consommation ou au goût pour l’alcool. Dans cette étude, les auteurs ont recherché un lien entre prise importante d’aliments gras et/ou sucrés dans l’enfance, et prise d’alcool à l’adolescence, au moins hebdomadaire.
Un total de 2 263 enfants européens (8 pays) de la cohorte IDEFICS, âgés de 5-9 ans ont été suivis jusqu’à 11-16 ans. A l’adolescence, 5 % des participants rapportaient une prise d’alcool au moins hebdomadaire. Après ajustement sur l’âge, le sexe et le pays d’origine, une forte propension à consommer à la fois des aliments gras et des aliments sucrés dans l’enfance, comparée à une faible propension était associée à un risque plus élevé de consommer de l’alcool à l’adolescence (risque relatif RR 2,46, intervalle de confiance à 95 % IC 95% 1,47-4,12, p < 0,001). Après ajustements sur les revenus parentaux, le niveau d’éducation des parents, le style parental d’éducation (strict ou permissif), la qualité de vie (bien être émotionnel, estime de soi, relations familiales et sociales), le risque restait augmenté (RR 1,79, IC 95 % 1,79, p < 0,05).
Parmi les autres facteurs relevés, un niveau élevé de qualité de vie était associé à une protection (RR 0,81, IC 95 % 0,67-0,78 pour 1 DS), de même que des revenus parentaux élevés et un style d’éducation plus strict.
Réponse à l’offre ou prédisposition
Les auteurs concluent que l’offre abondante en aliments gras-sucrés (avec le risque consécutif de prise d’alcool) pourrait expliquer la surconsommation de ces produits, à fortiori chez les plus vulnérables au plan socioéconomique. Mais peut-on évoquer aussi une prédisposition à la fois au sucre et à l’alcool ?
Dans une autre étude, en imagerie cérébrale, des chercheurs ont étudié les effets de la prise de glucose sur le système neurologique de récompense. Les volontaires étaient tous bien portants, mais certains avaient des antécédents familiaux d’alcoolisme, et d’autres non. En présence d’antécédents familiaux d’alcoolisme, la réponse hédonique cérébrale au glucose était plus forte. Pour les auteurs, cette réponse cérébrale, sous influence de facteurs familiaux, sous tendrait à la fois hédonisme pour le glucose et risque d’alcoolisme.
Réponse à l’offre ou prédisposition, ces mécanismes de surconsommation ne sont pas forcément exclusifs. Ceci plaide pour une limitation de la consommation de produits gras et sucrés dans l’enfance. En outre ces données pourront peut-être aider, en éclairant sur les mécanismes, à mieux comprendre et prendre en charge la consommation d’alcool chez les adolescents.
Dr Viviane de La Guéronnière
RÉFÉRENCES
Mehlig K et coll. : Children’s propensity to consume sugar and fat predicts regular alcohol consumption in adolescence. Public Health Nutrition, 2018 :1-8. doi:10.1017/S1368980018001829.
Eiler WJA et coll. : Family history of alcoholism and the human brain response to oral sucrose. NeuroImage: Clinical, 2018 ; 17 : 1036–1046.
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