Publié le 24/07/2020

Selon un commentaire publié dans le Lancet, il est possible que l’actuelle pandémie de Covid-19 ait favorisé les troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Si les plus à risque sont les personnes qui présentent déjà des TOC, le lavage des mains compulsif peut constituer un véritable « piège » pour celles qui ne présentent aucun signe pré-existant.

Tel qu’il est préconisé depuis le début de la pandémie, répété, chronométré, stéréotypé, le lavage des mains peut en effet être une façon pour certains de calmer leur anxiété. Le soulagement de l’anxiété vient renforcer le comportement, le lavage des mains stéréotypé se répétant alors, sans nécessité, chaque fois que l’anxiété est ressentie.

Les auteurs de ce commentaire suggèrent de donner des indications spécifiques aux personnes à risque de développer un TOC celles-ci doivent être détaillées, renseigner précisément sur l’intérêt du lavage des mains et des risques de transmission du virus, mais aussi sur ceux de le contracter et de la façon de rechercher des informations.

Un geste barrière…à l’anxiété

Ces patients doivent savoir que les mesures de prévention préconisées par les voies officielles sont suffisantes et qu’il est inutile de prolonger le lavage des mains au-delà des préconisations, ou d’utiliser des désinfectants plus puissants. Le lavage des mains est conseillé en réponse à un contact externe et ne doit pas constituer une réponse à l’anxiété ni à la peur d’une contamination.

Les personnes susceptibles de présenter des TOC risquent aussi d’éviter tout contact extérieur. Là encore, ils doivent savoir que le respect des mesures barrières préconisées est suffisant, tout excès d’isolement risquant d’aggraver leurs difficultés.

Concernant la diffusion de la maladie, et bien que des inconnues subsistent, le message doit insister sur le fait que la contamination se fait à partir d’une personne hébergeant elle-même le virus, principalement par l’intermédiaire des gouttelettes qu’elle émet. Si les règles de distanciation physiques sont respectées, le risque de contamination est minime.

Dangers de l’information en continu

Enfin, concernant la recherche de l’information, des règles précises peuvent être fournies aux personnes à risque de TOC. La recherche effrénée de nouvelles données peut en effet avoir un impact négatif sur ces patients. Il peut être utile de leur conseiller des sources fiables d’informations, et de ne rechercher des mises à jour qu’une à deux fois par jour, en prohibant l’écoute ou le visionnage des informations en continu.

Une évaluation aussi précise que possible du risque de contamination, de forme grave de la maladie ou de leur capacité à la surmonter peut-être réalisée en collaboration avec ces patients. Les messages concernant la pandémie se sont beaucoup étendus sur les risques de décès, mais, dans le monde, pour la majorité des personnes, ce risque est faible.

Des renseignements précis sur le nombre de cas confirmés et le nombre de décès, en insistant sur le fait que dans la majorité des cas la maladie n’est pas grave et se prend en charge à domicile et en adaptant ces informations à chacun, permet souvent de dédramatiser.

Ces mises au point sont importantes pour tout le monde. Pour la population générale, elles permettent d’encourager au respect des mesures barrières. Pour les sujets susceptibles de TOC, elles peuvent éviter le développement ou l’exacerbation de troubles psychiques.

Dr Roseline Péluchon

RÉFÉRENCE: Shafran R et coll. : Recognising and addressing the impact of COVID-19 on obsessive-compulsive disorder. The Lancet.com/psychiatry – Vol 7 – Juillet 2020

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Quand les TOCs font de la résistance…