Revue de presse Mediscoop du 05-05-2022
Par Mme Aude Rambaud (Saint-Germain-en-Laye) [Déclaration de liens d’intérêts]
– Date de publication : 5 mai 2022
Une femme victime d’accident vasculaire cérébral a moins de chance qu’un homme d’avoir repris son emploi trois mois après l’accident, et cela malgré un profil de risque souvent plus favorable avec moins de tabagisme, un âge moins élevé ou encore moins d’athérosclérose.
L’étude publiée dans Stroke qui a mis cela en évidence indique également d’autres facteurs prédictifs négatifs de retour à l’emploi, liés à la sévérité de la maladie ou encore la durée de la prise en charge.
Les AVC dans la population en âge de travailler représentent une part importante des AVC ischémiques et le retour à l’emploi est un facteur majeur de bien-être chez ces patients.
Cependant les différences de revenus selon le sexe sont soupçonnées d’être un obstacle pour les femmes qui souhaitent reprendre un travail après leur AVC.
Pour étudier de façon plus large les facteurs prédictifs de non-reprise du travail chez les patients traités par thrombectomie mécanique (TM), une équipe allemande a mené une étude auprès de 6.635 patients inscrits au Registre allemand des accidents vasculaires cérébraux entre 2015 et 2019.
Les données de 606 actifs ayant survécu à l’occlusion d’un gros vaisseau au moins 90 jours après la thrombectomie ont été comparées en fonction du statut professionnel au 90ème jour de suivi.
Cette analyse montre que 35,6% des patients ont été réembauchés 3 mois après la thrombectomie (âge médian 54 ans) avec un taux légèrement supérieur chez les hommes (36,1%) que chez les femmes (34,5%) alors qu’elles présentaient globalement un état de santé plus favorable : plus jeunes (51,5 ans vs 55), moins fumeuses (29,9% vs 39,6%) et moins d’athérosclérose (22,2% vs 38,8%).
L’équipe a calculé que le fait d’être une femme est ainsi un facteur indépendant de risque de non-retour à l’emploi, avec 57,3% de chance en moins pour les femmes que les hommes.
Parmi les autres facteurs prédictifs négatifs indépendants, les auteurs ont retrouvé : un score plus élevé sur l’échelle NIHSS (National Institutes of Health Stroke Scale) 24 heures après la thrombectomie (OR 0,78 ; P<0,001), la sévérité de l’athérosclérose (OR 0,56, P = 0,049) et une durée d’hospitalisation plus longue (OR 0,93 ; P = 0,043).
Les facteurs prédictifs positifs étaient une bonne récupération fonctionnelle (score de 0 à 1 sur l’échelle de Rankin) à 90 jours de suivi (OR 11,34 ; P <0,001) et l’association de la thrombectomie avec une thrombolyse intraveineuse (OR, 1,9 ; P = 0,035).
Référence : Marianne Hahn et al. – Sex Disparities in Re-Employment in Stroke Patients With Large Vessel Occlusion Undergoing Mechanical Thrombectomy – Stroke. 2022;0:10.1161