Publié le 27/03/2019
Certains travaux ont alerté sur un possible lien entre l’exposition prénatale à certains pesticides et une augmentation du risque de troubles de la sphère autistique. Les pesticides suspects sont les organophosphorés et les organochlorés. Des travaux en laboratoire sur des modèles animaux ont renforcé les doutes quant à l’effet des pesticides au moment du développement cérébral. Il n’y a toutefois pas de données solides permettant d’affirmer ce lien chez l’Homme dans la vie réelle.
La Central Valley de Californie fait l’objet d’une agriculture intensive utilisant ces pesticides. Cette région a donc été choisie pour une étude dont l’objectif était de rechercher un lien entre l’exposition de la mère aux pesticides ambiants en début de grossesse et les troubles du spectre autistique. L’utilisation des pesticides a été intégrée dans un système d’information géographique qui permet d’estimer l’exposition prénatale aux pesticides, mesurée par la quantité de pesticides répandus par acre et par mois dans les 2 km autour de la résidence maternelle. Onze pesticides les plus utilisés ont été retenus pour l’étude, en tenant compte des soupçons de toxicité sur le développement neurologique in vivo ou in vitro.
Comparaison enfants exposés et non exposés pendant la période prénatale
Au total 2 961 enfants nés entre 1998 et 2010 et ayant un trouble du spectre autistique ont été retenus pour l’étude. Parmi eux 445 présentaient aussi un déficit intellectuel. Chacun a été comparé à 10 enfants du même âge et du même sexe, dont la mère habitait la même région agricole.
Les résultats montrent une augmentation faible à modérée du risque de trouble de la sphère autistique pour les enfants exposés in utero aux pesticides selon les quantités utilisées autour de la résidence maternelle. L’augmentation du risque est de 16 % pour le glyphosate. En ce qui concerne les organophosphorés, il est de 13 % pour le chlorpyrifos et de 11 % pour le malathion. L’avermectine est associée à une augmentation du risque de 12 % et la perméthrine de 10 %.
En limitant l’analyse aux enfants atteints d’un déficit intellectuel associé, l’exposition prénatale au glyphosate, chlorpyrifos, diazinon, perméthrine, bromométhane et myclobutanil augmente le risque de 30 %, et, pour ces enfants, l’exposition pendant la première année de vie accroît le risque, jusqu’à 50 % pour certains pesticides.
Les auteurs précisent que les pesticides sélectionnés pour l’analyse l’étaient « a priori », sur la base de données expérimentales montrant leur implication dans des troubles du neuro-développement. Les résultats de cette étude alourdissent les soupçons d’un lien entre l’exposition prénatale à ces substances et le risque de troubles de la sphère autistique. L’exposition pendant la petite enfance pourrait contribuer à une augmentation du risque de troubles plus sévères, avec déficit intellectuel.
Dr Roseline Péluchon
RÉFÉRENCE : Von Ehrenstein OS et coll. : Prenatal and infant exposure to ambient pesticides and autism spectrum disorder in children: population based case-control study. BMJ 2019; 364: l962
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