Revue de presse Mediscoop du 22-03-2021

Augmentation des cas d'allergie alimentaire chez les jeunes enfants

Par le Dr Sophie Florence (Paris) [Déclaration de liens d’intérêts]

En France, les anaphylaxies alimentaires dont l’issue est fatale semblent toucher principalement les enfants, et les fruits à coque et l’arachide sont les allergènes les plus fréquemment incriminés.

Le Réseau d’allergovigilance vient de publier dans la Revue française d’allergologie une étude analysant les 392 cas d’anaphylaxie déclarés au Réseau d’Allergo-Vigilance® entre 2002 et 2019 chez 389 enfants de moins de 4 ans.

Les auteurs souhaitent la parution de recommandations de prévention primaire.

Les cas d’anaphylaxies alimentaires impliquant l’arachide et autres fruits à coque ont augmenté depuis 2010 chez les enfants de 1 à 4 ans en particulier, avec des polysensibilisations voire des polyallergies.

Les chercheurs souhaitaient objectiver la réalité de cette augmentation et préciser le profil allergique de ces enfants.

Sur la période étudiée, ils constatent que les cas d’anaphylaxie alimentaire chez les enfants de 0 à 4 ans ont surtout augmenté à partir de 2012.

Les principaux allergènes responsables chez les enfants âgés de 0 à 12 mois sont le lait de vache (51%) puis l’œuf (26%), le blé (9%) et l’arachide (6%).

Chez les enfants de 1 à 4 ans, l’arachide et la noix de cajou/pistache représentent 47,5% des anaphylaxies alimentaires.

Les cas de polysensibilisations et de polyallergies apparaissent principalement à partir des années 2010 et sont majoritairement représentés par l’arachide, la noix de cajou et pistache, la noisette et les autres fruits à coque.

Au total, 101 enfants (26%) présentaient plus de deux allergies ou sensibilisations.

Les auteurs observent que l’adrénaline est peu utilisée (14%) mais les données ont été colligées avant les recommandations sur ce traitement d’urgence et l’anaphylaxie était le plus souvent inaugurale.

Les auteurs soulignent que la prévention primaire doit associer des conseils pour limiter l’exposition aux allergènes de l’environnement (dont les cosmétiques à base de protéines alimentaires) et une introduction précoce des allergènes dans l’alimentation de l’enfant guidée par les habitudes alimentaires familiales.

Ils concluent sur l’urgence d’établir des recommandations nationales pour les familles et les professionnels de la petite enfance face à cette augmentation d’allergies alimentaires du jeune enfant.

Référence : G. Wintrebert, E. Bradatan, V. Liabeuf et al.- Anaphylaxie à l’arachide et/ou aux fruits à coque du jeune enfant : des données du Réseau d’Allergo-Vigilance® à la prévention primaire de l’allergie alimentaire
Revue Française d’Allergologie, 2021 ; 61(2):68-74

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Date de publication : 22 mars 2021