Publié le 27/02/2020

Le remplacement total de la hanche est une intervention courante visant à diminuer la douleur et l’invalidité associées aux maladies articulaires de la hanche à un stade avancé. Malgré des taux de réussite élevés, certains remplacements échouent et nécessitent une ré-intervention. Parmi les étiologies de ces échecs, on retrouve le descellement aseptique, la fracture, l’infection articulaire prothétique ou encore la luxation.

En ce qui concerne les luxations, sources de douleurs intenses et de restrictions de mobilité, plus de la moitié surviennent au cours des 3 premiers mois suivant la mise en place initiale de la prothèse. Dans un but de synthèse et de prévention, une revue systématique de la littérature a été réalisée pour préciser les facteurs de risque de luxation après une arthroplastie totale de la hanche qu’ils soient liés au patient, à la chirurgie, aux prothèses ou encore à l’hôpital.

Les plus de 70 ans, les moins riches, les plus lourds…

Grâce à une recherche dans les bases de données usuelles, 125 études ont été identifiées avec des données sur 4 633 935 arthroplasties totales de la hanche et 35 264 luxations. L’incidence des luxations y varie de 0,12 % à 16,13 %, avec une incidence globale de 2,10 % (intervalle de confiance à 95 % IC 95% : 1,83–2,38) sur une durée moyenne de suivi de 6 ans.

Une baisse significative des taux de luxation a toutefois été observée de 1971 à 2015. Le risque de luxation ne diffère pas de manière significative entre les hommes et les femmes (risque relatif RR 0,97; IC 95% 0,888–1,08), est plus élevé après 70 ans (RR 1,27 ; IC95% 1,02–1,57), et est moindre dans les groupes de patients à revenu élevé par rapport aux groupes à faible revenu (79,0 ; IC95% 0,74–0,85). L’origine caucasienne (comparé à l’origine asiatique), l’usage de drogues, et l’exclusion sociale sont apparus significativement associées à un risque accru de luxation.

Ce risque est également plus important chez les patients présentant un indice de masse corporelle (IMC) de 30 ou plus, que chez ceux avec un IMC inférieur à 30 (RR 1,38 ; IC 95%: 1,03-1,85).

Comorbidités et type d’indications jouent un rôle

Sur le plan médical et chirurgical, les facteurs qui sont significativement associés à un risque accru de luxation comprennent les troubles neurologiques, les maladies psychiatriques, les indices de comorbidité, les interventions chirurgicales antérieures, et certaines indications chirurgicales (notamment la nécrose avasculaire, la polyarthrite rhumatoïde, l’arthrite inflammatoire et l’ostéonécrose).

Des facteurs chirurgicaux tels qu’une approche antérolatérale, et l’approche postérieure avec réparation courte du rotateur externe, sont significativement associés à une réduction du risque de luxation.

Au niveau de l’implant, des diamètres de tête fémorale plus importants, des revêtements acétabulaires surélevés, des cupules à double mobilité, des fixations cimentées et des longueurs de col fémoral standards réduisent considérablement le risque de luxation.

S’il est indéniable que l’incidence des luxations consécutives à une arthroplastie totale de la hanche a diminué avec le temps, le risque persiste pour certains patients chez lesquels les approches chirurgicales qui réduisent ce risque doivent être préférées.

De même, les facteurs de risque modifiables tels qu’un IMC élevé et des comorbidités peuvent faire l’objet d’une optimisation avant l’intervention chirurgicale.

Anne-Céline Rigaud

RÉFÉRENCE; Setor K Kunutsor et coll.: Risk factors for dislocation after primary total hip replacement: a systematic review and meta-analysis of 125 studies involving approximately five million hip replacements. The Lancet Rheumatology, 2019 ; volume 1, numéro 2, pe111-e121.

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Reprise de l’activité physique après arthroplastie totale de hanche, pas si facile apparemment…