Revue de presse Mediscoop du 20-11-2023
Date de publication : 20 novembre 2023
« Arrêt cardiaque : l’insufflation d’air est décisive… mais souvent mal réalisée » (mediscoop.net)
Soline Roy remarque dans Le Figaro que lors d’un arrêt cardiaque, « dans les premières minutes qui suivent l’arrêt du cœur, la ventilation est de peu d’importance : le sang contient suffisamment d’oxygène pour alimenter les tissus et organes, à commencer par le cerveau ; l’important est donc d’assurer la circulation sanguine par un massage cardiaque ».
« Mais en 5 à 7 minutes, la « réserve » d’oxygène s’épuise, et des cellules commencent à mourir.
Il faut en apporter à nouveau, or la respiration ne joue plus cet office.
D’où l’importance de la ventilation. À condition qu’elle soit efficace. Or la plupart du temps, elle ne l’est pas… », indique la journaliste.
Elle souligne en effet que « l’insufflation d’oxygène au moyen d’un masque et d’un ballon autoremplisseur (un «Bavu») est un art délicat que seuls des gens formés à son usage peuvent exercer ».
Le Pr Abdo Khoury, médecin urgentiste au CHU de Besançon, rappelle que « pour placer le masque, il faut incliner correctement sa tête pour ouvrir ses voies aériennes.
Sinon, la ventilation est inefficace, voir délétère si l’air part dans l’estomac ».
Soline Roy ajoute qu’ « il faut maintenir le masque pour éviter les fuites, et envoyer la bonne quantité d’air dans les poumons de la victime en pressant le ballon. 300 à 500 ml d’air doivent être administrés à la victime à chaque ventilation ».
« Or les secouristes manient le Bavu… à peu près au hasard, et rarement très efficacement », observe-t-elle.
Le Pr Khoury indique ainsi : « Nous l’avons montré à partir de la fin des années 2010, en mesurant la quantité d’air envoyé à des mannequins par des infirmiers, secouristes, pompiers, médecins réanimateurs ou urgentistes…
Il s’est avéré que plus de 85% des professionnels ventilent mal, pour une raison simple : quand on presse manuellement le ballon, on n’a aucun moyen de contrôler ce qu’on est en train de faire ».
Soline Roy souligne que « la ventilation a pourtant un rôle dans le pronostic du patient, viennent de montrer des auteurs américains de l’université du Texas, à Dallas.
Menés par le Pr Ahamed Idris, directeur de recherche en médecine d’urgence, les auteurs montrent, dans la revue Circulation, que les patients correctement ventilés ont une bien meilleure survie, et moins de séquelles neurologiques, que ceux chez qui la ventilation a été menée de façon inefficace ».
La journaliste relève que « pour améliorer l’efficacité de la ventilation, l’équipe d’Abdo Khoury a développé un petit boîtier informatique qui, branché entre le ballon et le masque, permet d’indiquer quelle quantité d’air le patient doit recevoir (selon sa morphologie et d’autres caractéristiques), combien le secouriste lui en a effectivement délivré, et combien est arrivé dans ses poumons ».
Elle fait savoir qu’ « une start-up, Archeon Medical, a été créée pour commercialiser ce dispositif nommé EOlife. Menée sur des mannequins, «une étude sur des professionnels de santé a montré qu’on améliore de 70% la qualité de la ventilation (on passe de 15% à 80% de ventilations efficaces)», expliquent les deux fondateurs, Alban de Luca (ancien ingénieur de recherche dans l’équipe d’Abdo Khoury) et Pierre-Édouard Saillard ».
Soline Roy note que « le dispositif EOlife équipe déjà les pompiers du Doubs, et une étude de l’efficacité du dispositif sur de véritables patients est en cours avec les pompiers de Paris, ainsi qu’aux États-Unis avec les universités de Washington et Chicago ».