Accueil Spécialités Anesthésie-Réanimation

PAR CHARLÈNE CATALIFAUD – PUBLIÉ LE 03/10/2019

https://static2.lequotidiendumedecin.fr/cdn/ff/wEnmQskM7NqMAs0su0uMygaX-FWQwJ78sjblO_JqdDo/1570096728/public/styles/gps_large/public/images/2019/10/728fa771-86a9-4b4f-a887-ba18db7a7a28.jpg?itok=ljDz0BvE Crédit photo : S. Toubon

Selon une équipe française, la mise en place d’une hypothermie thérapeutique modérée à 33 °C chez des patients réanimés après un arrêt cardiaque extra-hospitalier de rythme non choquable est associée à de meilleurs résultats sur le plan neurologique qu’une normothermie à 90 jours. Ces résultats sont parus dans le « New England Journal of Medicine ».

Selon les recommandations de l’International Liaison Committee on Resuscitation (ILCOR), un contrôle ciblé de la température entre 32 et 36 °C est préconisé chez les patients après réanimation à la suite d’un coma dû à un arrêt cardiaque, avec un niveau de preuve fort pour les patients qui ont un arrêt cardiaque de cause choquable et faible pour ceux ayant un arrêt de cause non choquable.

24 heures à 33 °C

« On parle de rythme choquable lorsque le cœur est en fibrillation ventriculaire le plus fréquemment dans le cadre d’un arrêt cardiorespiratoire de cause cardiaque (infarctus du myocarde) : l’arrêt cardiorespiratoire survient chez un patient sans dette en oxygène au moment de sa survenue, explique au « Quotidien » le Dr Jean-Baptiste Lascarrou, médecin réanimateur au CHU de Nantes et co-auteur de l’étude. En cas de rythme non choquable, c’est le manque d’oxygène qui cause l’arrêt du cœur. Cette dernière situation est beaucoup plus grave. »

Au total, 1 584 patients provenant de 25 unités de soins intensifs ont été inclus dans l’étude entre janvier 2014 et janvier 2018, et 581 ont été analysés. Ils ont été randomisés en deux groupes selon qu’ils aient été pris en charge par hypothermie ou par normothermie. « Dans le groupe normothermie, les patients ont été maintenus pendant 48 heures à 37 °C, alors que dans l’autre groupe, les patients ont été mis 24 heures à 33 °C, avant un réchauffement contrôlé puis 24 heures à 37 °C », raconte le Dr Lascarrou.

Pas de différence en termes de mortalité

Le critère principal de l’étude était la survie avec un profil neurologique favorable, évalué à l’aide de l’échelle Cerebral Performance Category (CPC). Un profil favorable correspond à un score de 1 ou 2 : « Cela correspond à des patients qui n’ont aucune séquelle ou bien qui ont des séquelles légères, mais sont autonomes », précise le réanimateur.

Les résultats montrent que plus de patients survivent avec un bon pronostic neurologique. En effet, après les 90 jours de suivi, le critère principal a été atteint pour 10,2 % des patients du groupe hypothermie contre 5,7 % du groupe normothermie. En revanche, la mortalité à 90 jours était comparable pour les deux groupes (respectivement 81,3 et 83,2 %), tout comme la survenue d’événements indésirables.

Paru en 2013, l’essai TTM paru dans le «NEJM » n’avait pas montré d’avantage d’une hypothermie à 33 °C par rapport à une température de 36 °C, ce qui a entraîné un moindre recours à cette pratique. « Avec ces nouveaux résultats, nous espérons voir le taux d’utilisation de l’hypothermie thérapeutique ou du contrôle ciblé de la température remonter, notamment dans les rythmes non choquables », avance le Dr Lascarrou.

CardiologieEtPathologiesVasculaires Anesthésie-Réanimation

Source : lequotidiendumedecin.fr