AINS et infarctus : 7 jours suffisent
Publié le 17/05/2017
De précédents travaux ont montré que les AINS pouvaient être à l’origine d’une augmentation du risque d’infarctus du myocarde. Les AINS classiques sont impliqués, mais aussi les inhibiteurs sélectifs de la COX-2. Cependant, plusieurs inconnues demeurent, parmi lesquelles le délai d’apparition du risque, l’importance de la dose, la durée du traitement et les risques comparés des différents AINS. Une équipe internationale publie les résultats d’une méta-analyse qui lève le voile sur ces points.
Tous les AINS classiques impliqués
L’analyse est menée sur les données d’une cohorte de près de 450 mille personnes, parmi lesquelles plus de 61 mille ont présenté un infarctus du myocarde. Elle confirme l’association, qui existe aussi « dans la vraie vie », entre la prise d’AINS et l’augmentation du risque d’infarctus. Cet effet est présent dès la première semaine de traitement et persiste ensuite pendant tout le traitement, que sa durée soit 1 semaine, 1 mois ou plus. L’augmentation du risque s’observe avec tous les AINS traditionnels, y compris le naproxène (Odds Ratio [OR] 1,53 ; intervalle de confiance à 95 % [IC] 1,07 à 2,33), l’ibuprofène (OR 1,18 ; IC 1,00 à 2,26), mais aussi le diclofénac (OR 1,50 ; IC 1,06 à 2;04). Néanmoins, dans cette étude, le risque associé à la prise de célécoxib (OR 1,24 ;IC 0,91 à 1,82), n’atteint pas une valeur statistiquement significative et apparaît inférieur à celui de l’exposition au rofécoxib (OR 1,58 ; IC 1,07 à 2,17).
Stabilisation du risque au delà de 30 jours de traitement
Remarquons que le risque d’infarctus du myocarde survient donc rapidement, dès la première semaine de traitement. Si tous les AINS sont concernés par cette augmentationdès la première semaine, une deuxième « vague » de risque survient entre 8 et 30 jours, avec des posologies élevées d’ibuprofène (>1 200 mg/jour), de naproxène (>750 mg/jour) ou de rofécoxib (> 25 mg/ jour). Le risque reste ensuite stable, au-delà de 30 jours.
Les auteurs concluent en incitant les praticiens à bien évaluer les bénéfices et les risques des traitements par AINS. Cette augmentation du risque d’infarctus du myocarde, présente même pour des traitements courts, doit bien entendu inciter à la plus grande prudence.
Dr Roseline Péluchon
RÉFÉRENCES
Bally M et coll. : Risk of acute myocardial infarction with NSAIDs in real world use: bayesian meta-analysis of individual patient data.
BMJ 2017; 357: j1909
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Anti-inflammatoires : Le risque cardiaque élargi à tous les AINS
Actualité publiée le 16-05-2017 BMJ
Le Comité de Pharmacovigilance (PRAC) de l’Agence Européenne du Médicament (EMA) a déjà averti que l’ibuprofène, un AINS (Anti-inflammatoire non stéroïdien) très couramment utilisé, à des doses quotidiennes égales ou supérieures à 2.400 mg est associé à une augmentation du risque cardiovasculaire. Cette étude rapporte que cette augmentation du risque vaut pour tous les AINS. Et, pour certains patients déjà à risque cardiaque élevé, prendre un traitement même de courte durée suffirait à augmenter le risque voire à déclencher l’événement. Des données présentées dans le British Medical Journal, favorables donc à cette association.
Les chercheurs de l’Université McGill (Canada), du Centre Hospitalier de l’Université de Montréal, de l’Hospital District of Helsinki et du Leibniz Institute for Prevention Research and Epidemiology (Allemagne) ont mené cette méta-analyse sur les données au total de 446.763 personnes ayant participé à de grandes études d’observation. Les chercheurs ont analysé ces données, en tenant compte d’un large éventail de facteurs de confusion possibles puis calculé le risque de crise cardiaque pour 5 AINS, pris sur différentes périodes, durées et à différentes doses. L’analyse conclut que :
-l’utilisation récente et actuelle d’un AINS est liée à un risque accru de crise cardiaque par rapport à l’absence d’utilisation d’AINS au cours de la dernière année.
-le risque augmente avec l’utilisation d’un AINS au cours de l’année ou du mois précédent.
-le risque est encore plus élevé dans les 8 à 30 jours qui suivent la prescription.
-le risque qui marque un pic à un mois, s’effondre ensuite.
-le risque accru de crise cardiaque pour toute dose d’AINS pendant la première semaine d’utilisation, vs aucun usage au cours de la dernière année, s’élève à :
-pour le diclofénac : risque augmenté de 50%
-pour l’ibuprofène : risque augmenté de 48%
-pour le naproxène : risque augmenté de 53%
-pour le nofecoxib : risque augmenté de 58%
-Des doses plus élevées (plus de 1.200 mg par jour pour l’ibuprofène, plus de 750 mg par jour pour le naproxène et plus de 25 mg par jour pour le rofécoxib) augmentent encore le risque.
Cette étude, la plus large jamais réalisée sur le sujet, montre ainsi que l’utilisation actuelle de tous les AINS dont le naproxène est associée à un risque accru d’infarctus aigu du myocarde. L’étude précise que tous les AINS couramment utilisés sont liés à un risque similaire de crise cardiaque, que le risque augmente généralement avec la dose et qu’il est le plus élevé au cours du premier mois de traitement.
Source: BMJ May 9 2017 DOI: 10.1136/bmj.j1909 Risk of acute myocardial infarction with NSAIDs in real world use: bayesian meta-analysis of individual patient data
Plus d’études sur les Anti-inflammatoires AINS, l’Ibuprofène
Médicament Cardio
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Tous les AINS augmentent le risque d’infarctus du myocarde
Revue de presse Mediscoop du 17-05-2017
Par Mme Aude Rambaud (Boulogne)[Déclaration de liens d’intérêts]
Toute prise d’AINS est associée à une augmentation du risque relatif d’infarctus du myocarde de 20 à 50% dans les jours qui suivent et pendant environ un mois. Et ce risque augmente avec la dose de médicament. Ces résultats, qui doivent inciter à la prudence pour les prescriptions, sont parus dans leBMJ.
Tous les anti-inflammatoires non stéroïdiens y compris le naproxène, sont associés à une augmentation du risque d’infarctus du myocarde, en particulier dans les 8 à 30 jours qui suivent la prescription et avec un pic après un mois. Au-delà de cette période le risque redevient rapidement normal.
C’est ce que montre une étude parue dans le BMJ. Les auteurs ont effectué une revue systématique et une méta-analyse permettant d’étudier le lien entre prise d’AINS et risque d’IDM chez 446.763 individus.
Parmi eux 61.460 avaient fait un infarctus du myocarde. L’analyse montre que toute prise d’AINS pendant une semaine, un mois ou davantage est associée à une augmentation du risque d’IDM. Pour une utilisation d’un à sept jours, les probabilités d’augmentation du risque d’IDM sont même de 92% sous célécoxib, 97% sous ibuprofène, et 99% sous diclofénac, naproxène et rofécoxib !
Et les augmentations de risque relatif pendant cette première semaine d’utilisation sont évaluées entre 20 et 50% selon les molécules par rapport à la non utilisation d’un AINS au cours de la dernière année : + 24% sous célécoxib, + 48% sous ibuprofène, + 50% sous diclofénac, 53% sous naproxène et + 58% sous rofécoxib.
Enfin, le risque est supérieur en cas de doses élevées supérieures à 1.200 mg par jour pour l’ibuprofène, à 750 mg par jour pour le naproxène et à 25 mg par jour pour le rofécoxib.
Référence :
Michèle Bally et al.
Risk of acute myocardial infarction with NSAIDs in real world use: bayesian meta-analysis of individual patient data
BMJ 2017;357:j1909
[Retrouvez l’abstract en ligne]
Date de publication : 17 Mai 2017