Publié le 03/03/2022
L’âge en soi n’est en rien une contre-indication absolue à l’angioplastie coronaire et, de fait, le nombre de nonagénaires qui bénéficient de cette procédure ne cesse d’augmenter.
Quel est alors le pronostic à long terme de la maladie coronarienne dans les suites de cette revascularisation myocardique ?
Le bénéfice l’emporte-t-il sur les risques ? C’est à ces questions que répond une étude de registre japonaise, dans laquelle ont été inclus, entre janvier 2017 et décembre 2017, 40 722 patients âgés de plus de 60 ans, qui ont tous bénéficié d’une angioplastie coronaire.
Huit cent quatre-vingts d’entre eux (2,1 %) étaient d’authentiques nonagénaires.
Chez ces derniers, la mortalité globale au terme d’une année de suivi s’est avérée substantielle puisqu’elle a atteint 13,5 %.
La fréquence des évènements cardiovasculaires majeurs (ECVM) a été de 8,1 % et la mortalité cardiovasculaire a été de 6,8 %.
Par rapport aux octogénaires du registre, la fréquence de ces évènements fâcheux en termes de mortalité et de morbidité a été en fait majorée de 50 %.
Pronostic beaucoup plus sombre que pour les octogénaires
Une analyse multivariée par régression a permis d’identifier quelques variables prédictives d’une évolution défavorable des ECVM : (1) choc cardiogénique d’emblée dès la phase inaugurale du syndrome coronarien aigu [hazard ratio (HR) 2,32; intervalle de confiance à 95 % :1,22-4,41] ; (2) arrêt cardiorespiratoire quel qu’en soit le moment (HR 2,91; IC 90 % CI: 1,28-6,62) ; (3) traitement anticoagulant per os (HR 2,10; IC 90 %: 1,07-4,12).
L’angioplastie coronaire chez le nonagénaire ne devrait être utilisée qu’après une estimation la plus précise possible de son rapport bénéfice/risque en tenant compte de l’âge physiologique.
La mortalité et le risque d’EVCM dans l’année qui suit cette revascularisation myocardique sont élevés, majorés de 50 % par rapport aux octogénaires bénéficiant du même geste.
Le risque hémorragique vient encore assombrir le pronostic. Certes, il s’agit d’une étude japonaise, mais il y a tout lieu de penser que ses résultats sont transposables à d’autres pays à haut revenu.
La technicité et les progrès thérapeutiques ont leurs limites qui tiennent au diktat impitoyable du grand âge.
Dr Philippe Tellier
RÉFÉRENCE: Kanichi Otowa K et coll. : One-year outcome after percutaneous coronary intervention in nonagenarians: Insights from the J-PCI OUTCOME registry. Am Heart J. 2022;246:105-116. doi: 10.1016/j.ahj.2022.01.004.
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