Publié le 27/02/2020
Alors que les causes de la maladie d’Alzheimer (et d’autres démences) demeurent énigmatiques, une enquête longitudinale (commencée en Écosse en 1932 !) rappelle les risques liés à l’environnement, en reposant notamment la question (souvent débattue, mais sans conclusion certaine) de l’influence des taux d’aluminium et/ou de fluor dans l’eau potable, le fluor étant ici considéré comme un « facteur synergique, susceptible d’augmenter l’absorption de l’aluminium », lui-même suspecté d’aggraver le risque de démence, malgré « des incertitudes sur cette association » épidémiologique.
Dérivée d’une étude (The Scottish Mental Survey 1932)[1] portant sur presque tous les sujets nés en Écosse en 1921 et y ayant été scolarisés en 1932 (plus de 86 000 participants au départ), cette recherche concernait encore 6 990 sujets en 2012 dont 1972 souffrant d’une démence.
Association avec des niveaux relativement faibles
Recourant à un modèle de Cox, les auteurs observent une augmentation du risque de démence parallèle à « la hausse des niveaux moyens d’aluminium » chez les femmes (Odds ratio OR =1,09 ; intervalle de confiance à 95 % IC 1,03–1,15) comme chez les hommes (OR = 1,12 ; IC 1,03–1,21). Une relation (p < 0,001) est constatée entre les niveaux moyens de fluorure et de démence chez les femmes (OR = 1,34 ; IC 1,28–1,41) et chez les hommes (OR = 1,30 ; IC 1,22–1,39), avec un risque de démence multiplié par un facteur supérieur à 2 entre le quartile supérieur et le quartile inférieur des niveaux de fluor.
Sans démontrer formellement l’existence d’une éventuelle corrélation statistique entre la démence et les niveaux d’aluminium et de fluorures ingérés, les conclusions de cette étude confirment ainsi la présence (déjà évoquée) de « niveaux plus élevés d’aluminium et de fluorures » en cas de démence. Les auteurs rappellent que ces deux éléments (aluminium et fluor) sont largement utilisés dans le traitement de l’eau et que des niveaux modérés de fluor sont tout de même « bénéfiques pour les dents. » Cependant, en suggérant que même des niveaux « relativement faibles » d’aluminium et de fluor peuvent être associés à des effets délétères en terme de risque de démence, et en l’absence d’une meilleure connaissance de possibles facteurs confondants, les résultats de cette enquête doivent inciter à « un examen approfondi de cette question, vu l’impact significatif de la démence sur la santé publique mondiale. »
[1] https://www.lothianbirthcohort.ed.ac.uk/node/3
Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE : Russ TC et coll.: Aluminium and fluoride in drinking water in relation to later dementia risk. Brit Journal Psychiatry, 2020; 216: 29–34.
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