Publié le 28/02/2021
Le nombre des hospitalisations pour anaphylaxie alimentaire a augmenté à travers le monde au cours des dernières décennies.
L’on ignore toutefois encore si cette tendance se poursuit.
Une équipe du Royaume-Uni avait rapporté une augmentation des cas entre 1992 et 2012 en Angleterre et au Pays de Galles.
Le British Medical Journal publie les résultats d’une nouvelle analyse comprenant cette fois les données jusqu’en 2018 et incluant celles d’Irlande du Nord et d’Écosse.
Dans cet intervalle, 101 891 personnes ont été hospitalisées pour anaphylaxie, environ un tiers d’entre elles pour une allergie alimentaire (n = 30 700).
Le nombre des hospitalisations pour anaphylaxie alimentaire croît de 1,23 à 4,04 pour 100 000 personnes par an entre 1998 et 2018, avec une progression annuelle de 5,7 %.
Les enfants de moins de 15 ans sont les plus concernés par cette tendance, avec une hausse annuelle de 6,6 % (de 2,1 à 9,2 hospitalisations pour 100 000 personnes par an).
L’augmentation annuelle est de 5,9 % chez les 15-59 ans, et de 2,1 % chez les plus de 60 ans.
Attention à l’allergie aux protéines de lait
En revanche, pendant la même période, les décès par anaphylaxie alimentaire diminuent, de 0,7 % à 0,19 % pour les cas confirmés d’anaphylaxie alimentaire, ou 0,30 % pour les cas suspects d’être d’origine alimentaire.
Notons que, si 46 % des décès sont liés à une allergie aux arachides ou aux noix, le lait de vache est responsable de 26 % des décès des enfants d’âge scolaire (17 sur 66).
Cette réduction de la létalité peut être attribuée à une meilleure reconnaissance et prise en charge de l’anaphylaxie. Pendant la période considérée, les prescriptions de stylos d’adrénaline ont en effet augmenté de 336 %, et de 11 % par an.
La proportion des décès liés à l’allergie aux fruits à coques a diminué au fil du temps, sans doute du fait de l’attention croissante à cette question portée par les industriels de l’alimentation.
En revanche, l’allergie aux protéines de lait est maintenant la cause la plus fréquente de décès par anaphylaxie alimentaire chez les enfants.
Cela a été noté aussi aux Etats-Unis et en Israël.
Si l’allergie aux protéines de lait est relativement rare chez l’adulte, elle est toutefois responsable de 5 % des décès dans cette classe d’âge.
L’intérêt prêté aux dangers des arachides et fruits à coques n’a pas englobé les allergies au lait et l’exposition accidentelle par l’intermédiaire d’aliments contaminés est encore possible.
Le risque de létalité est d’autant plus élevé que la majorité des patients allergiques aux protéines de lait à l’âge adulte présentent aussi d’autres manifestations atopiques, dont l’asthme, qui augmentent le risque de réaction grave.
Les auteurs précisent que ces données ne signifient pas nécessairement que la prévalence de l’anaphylaxie alimentaire ait réellement augmenté.
Elles peuvent aussi correspondre à des modifications des recommandations, particulièrement des seuils à partir desquels une hospitalisation doit être décidée.
Dr Roseline Péluchon
RÉFÉRENCES: Conrado A.B.et coll. : Food anaphylaxis in the United Kingdom: analysis of national data, 1998-2018. BMJ 2021;372:n251
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