Actualités – publiée le 26/09/2018 par Équipe de rédaction Santélog
Pediatrics
Ces chercheurs de l’Université de Californie – San Diego rapportent que 63% des échantillons de lait maternel provenant de mères consommant du cannabis présentent des traces de la substance jusqu’à 6 jours après sa consommation. Si la quantité de THC que le nourrisson peut ainsi ingérer reste relativement faible, ses effets restent mal connus et ces données, à paraître dans la revue Pediatrics engagent, avec la légalisation de plus en plus large du cannabis, à de nouvelles recherches.
D’autres études doivent en effet être réalisées, non seulement pour déterminer l’impact général à long terme du cannabis dans le lait maternel chez les enfants, mais pour répondre à de multiples questions dont, « Y a-t-il des différences d’effets du cannabis dans le lait maternel selon l’âge de l’enfant ou est-ce que le mode de consommation maternel impacte ces effets ? ». « Ce sont des domaines critiques où nous avons besoin de réponses alors que nous continuons à promouvoir l’allaitement maternel pour la santé des nourrissons », écrivent les chercheurs dans leur communiqué. Enfin de telles études permettent de se poser en amont les bonnes questions, alors qu’aux Etats-Unis, la légalisation du cannabis dans la plupart des états et son utilisation accrue à des fins médicinales et récréatives est aujourd’hui prévalente chez les femmes enceintes et allaitantes. Ces études menées aux Etats-Unis permettent peu à peu de combler le manque de données sur les problèmes de santé ou de développement neurologique chez les nourrissons ou les enfants à la suite d’une exposition au tétrahydrocannabinol (THC), ici via le lait maternel.
Rappelons également que l’Organisation mondiale de la santé recommande l’allaitement exclusif pendant 6 mois. L’allaitement précoce est associé à un risque réduit d’obésité, d’asthme et de syndrome de mort subite du nourrisson et à une amélioration de la santé immunitaire et des performances lors des tests d’intelligence. Chez les mères, l’allaitement a été associé à des risques plus faibles de cancer du sein et de l’utérus, et de diabète de type 2.
Du THC jusqu’à 6 jours après : pour mieux comprendre la concentration de cannabis ou de ses composants actifs présents dans le lait maternel et combien de temps ils subsistent avant d’être éliminés, les chercheurs californiens ont analysé 54 échantillons provenant de 50 femmes ayant consommé du cannabis, soit quotidiennement, hebdomadairement ou de temps à autre – en général par inhalation. Les chercheurs détectent alors du THC, le principal composant psychoactif du cannabis, dans 63% des échantillons de lait maternel jusqu’à 6 jours après la dernière utilisation déclarée par la mère.
Les pédiatres ne disposent pas de données solides suffisantes pour soutenir ou déconseiller la consommation de cannabis pendant l’allaitement. Doivent-ils conseiller à une mère allaitante qui en consomme d’arrêter d’allaiter?, s’interroge le Pr Christina Chambers, auteur principal de l’étude et professeur au département de pédiatrie de l’UC San Diego School of Médecine. Les cannabinoïdes – composés actifs du cannabis, tels que le THC – se lient aux molécules de graisse, qui sont abondantes dans le lait maternel. Cette viscosité suggère que chez les femmes qui consomment du cannabis, ces composés peuvent se retrouver dans le lait maternel, ce qui soulève des inquiétudes sur les effets possibles chez les bébés allaités.
Existe-t-il un seuil « de sécurité » pour le bébé ? Rien de moins sûr, alors que les substances aujourd’hui disponibles sont estimées comme beaucoup plus puissantes que les produits disponibles il y a 20 ou 30 ans.
Source: Pediatrics 27 August, 2018 (In Press) via Eurekalert (AAAS) 27-Aug-2018 Marijuana found in breast milk up to six days after use
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