Publié le 09/11/2020

Les risques pour la santé de la consommation d’alcool sont avérés, même pour des consommations d’alcool qui peuvent apparaître comme « faibles ».

Si la grande majorité des Français s’estime bien informée sur les effets de l’alcool sur la santé, une analyse plus fine des opinions révèle une minimisation importante du risque : seule une minorité (30 %) considère que l’alcool est « très dangereux » pour la santé (1).

L’une des conséquences de ce défaut de perception est que le sujet de la consommation d’alcool est rarement abordé spontanément chez le médecin. C’est ce qui fait tout l’intérêt du RPIB : « repérage précoce et intervention brève »

Repérage précoce et intervention brève : la première étape vers le changement

Différents travaux ont mis en évidence l’efficacité du RPIB pour aborder en consultation différents déterminants de santé (tabac, alcool, alimentation, activité physique…) (2).

Cette approche permet de systématiser le questionnement sans le limiter uniquement aux patients présentant des profils à risque. Par ailleurs, elle peut impliquer l’ensemble des professionnels (et non uniquement les médecins spécialisés).

En pratique, tout professionnel de santé devrait pouvoir, lors d’une première consultation, questionner son patient pour repérer son niveau de consommation d’alcool et si nécessaire envisager une intervention brève. Ce repérage peut être répété lors du suivi de pathologies chroniques où la consommation d’alcool peut jouer un rôle aggravant.

En France, en 2017, 1 personne sur 10 déclarait consommer de l’alcool tous les jours et 4 personnes sur 10 toutes les semaines (3).

Le repérage précoce

Deux questionnaires ont été élaborés afin de faciliter le recueil des données des habitudes de consommation.

Il s’agit du questionnaire AUDIT et du questionnaire FACE.

Le premier comprend 10 questions et évalue la fréquence de la consommation d’alcool au cours des 12 derniers mois, la dépendance et les conséquences de cette consommation sur la vie quotidienne. Un trouble de l’usage de l’alcool est suspecté pour un score de 7 ou plus chez l’homme et de 6 ou plus chez la femme. (4)

Le questionnaire FACE est composé de 5 questions évaluant la consommation déclarée d’alcool au cours des 12 derniers mois et la dépendance. Un score égal ou supérieur à 5 chez l’homme et à 4 chez les femmes font suspecter un trouble de l’usage de l’alcool. (5)

Faire remplir ces questionnaires a pour objectif de faire prendre conscience au patient de sa consommation d’alcool.

L’Intervention brève

L’objectif de l’intervention brève est d’inciter à un changement en cas de consommation à risque.

Elle doit être proposée aux personnes chez lesquelles un trouble de l’usage de l’alcool a été dépisté par l’un des questionnaires, mais non alcoolodépendantes (ces dernières bénéficieront d’une prise en charge plus spécialisée).

L’intervention brève prend la forme d’un entretien, individualisé, pour renforcer la motivation à une réduction de la consommation, associant informations, échanges, choix d’objectifs et orientation vers les sources d’informations et de soutien disponibles.

Des outils en ligne
De nombreux outils en ligne existent d’une part à l’intention des professionnels de santé et d’autre part à destinations des patients.

Brochures et documents d’information sont ainsi élaborés pour les professionnels de santé afin de les aider à aborder la question de l’alcool. Le kit « Ouvrons le dialogue » est ainsi un outil d’éducation du patient à destination des professionnels de santé. Ce kit comprend notamment un guide pratique.

Par ailleurs, pour autoévaluer leur consommation, les patients peuvent être incités à tester l’alcoomètre qui, à travers six questions, permet à chacun d’évaluer sa consommation de manière personnalisée au regard des repères de consommation d’alcool à moindre risques. (5)

Pour le cas particulier des jeunes consommateurs en questionnement sur leur consommation, des « consultations jeunes consommateurs » (CJC) ont été créées. Ils y trouvent un lieu ouvert et confidentiel pour faire le point et bénéficier d’une aide, avec ou sans leurs parents. Ces lieux sont également ouverts aux parents s’interrogeant sur la consommation de leur enfant.

Les consultations sont gratuites et présentes dans la plupart des départements, au sein des CSAPA (Centre Spécialisé d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie) ou dans les lieux d’accueil des adolescents comme les Maisons des adolescents et les Points accueil écoute jeunes. (6)

Pour trouver les adresses des CJC : https://www.alcool-info-service.fr/alcool/aide-alcool/Les-Consultations-jeunes-consommateurs-CJC-une-aide-aux-jeunes-et-a-leur-entourage

L’évaluation de la consommation d’alcool peut être réalisée individuellement ou avec un professionnel, à intervalles réguliers, et constitue la première étape vers la motivation à des changements de comportements quand ils sont nécessaires.

RÉFÉRENCES :

1. Cogordan C, et coll. : Baromètre cancer 2015. Alcool et cancer. Comportements, opinions et perceptions des risques. Saint-Maurice : Santé publique France, 2018. 16 p.
2. Cochrane ″Effectiveness of brief alcohol interventions in primary care populations″, 2007 https://www.cochranelibrary.com/cdsr/doi/10.1002/14651858.CD004148.pub3/full
3. Richard JB et coll. : La consommation d’alcool en France en 2017. Bull Epidémiol Hebd. Février 2019
4. Anderson P., Gual A., Colom J., INCa (trad.) Alcool et médecine générale. Recommandations cliniques pour le repérage précoce et les interventions brèves. Paris, 2008 ; 141 p
5. Mésusage de l’alcool dépistage, diagnostic et traitement Recommandation de bonne pratique, Alcoologie et Addictologie. 2015 ; 37 (1) : 5-84
6. https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/alcool/articles/comment-reduire-les-risques-de-la-consommation-d-alcool

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