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30. octobre 2017
Souvent, quand le médecin conseille de faire de l’exercice, le patient hoche la tête, mais pas grand-chose ne se produit. Pour les personnes atteintes de maladie mentale, une activité sportive régulière peut avoir un effet similaire à celui des médicaments. De plus, arrêter de prendre ces derniers est très difficile pour les patients, en raison de leur maladie. Serait-il temps de mettre le sport « sur ordonnance » ?
Une activité régulière s’était avérée aussi efficace que les traitements médicamenteux chez les patients souffrant de dépression dans le cadre d’une méta-analyse complète publiée il y a trois ans. Bien que le sport soit plus rentable que les médicaments et qu’il n’ait pas d’effets secondaires, son potentiel de guérison n’est souvent pas utilisé.
Entraîné à l’hôpital, inactif à la maison
Il est souvent difficile pour les personnes touchées par une maladie mentale de faire de l’exercice régulièrement et de se déplacer. Cet aspect est encore peu pris en compte par les médecins dans les recommandations thérapeutiques. Au cours d’une hospitalisation, l’exercice régulier fait partie du concept de traitement. Mais dès que les patients sortent, les programmes d’entraînement réguliers mais aussi la stimulation et la motivation pour réaliser des déplacements réguliers disparaissent.
Plus de sport, pour de bon
Une méta-analyse récente de Davy Vancampfort et son équipe de l’Université de Louvain en Belgique a étudié le comportement sédentaire et l’activité physique chez les patients souffrant d’une maladie mentale grave, à savoir la dépression récurrente, le trouble bipolaire et la schizophrénie. 69 études avec un total de 35 682 participants ont été incluses dans leur analyse. Elles comprenaient 39,5 pour cent hommes et la moyenne d’âge était de 43 ans. En moyenne, durant 476 minutes, soit presque 8 heures, de leur temps d’éveil, les patients avaient peu d’activité physique et ils avaient une activité modérée à importante pendant seulement 38 minutes par jour. Ils réalisaient significativement moins de déplacements et étaient significativement moins actifs que les contrôles sains comparables (âge et sexe). Environ la moitié des patients n’atteignaient pas les 150 minutes d’activité physique modérée à importante par semaine recommandés par l’OMS.
La faible activité physique était liée à une maladie longue, la prise d’un antidépresseur ou d’un médicament antipsychotique, un surpoids, un faible niveau d’instruction, au chômage, au sexe masculin et au célibat. « Ces résultats pourraient aider à développer des protocoles d’interventions sur mesure pour améliorer la santé physique à long terme chez ces patients », ont déclaré Vancampfort et son équipe. « Il est important de développer à l’avenir des mesures fondées sur des données probantes pour augmenter l’activité physique chez les patients atteints de maladie mentale grave et réduire leur tendance à avoir peu d’activité physique. Cela devrait être une priorité pour la santé publique dans le monde. »
Stress et manque de soutien sont démotivants
Les patients atteints d’une maladie mentale grave ont l’impression qu’un certain nombre d’obstacles les empêche d’être physiquement actifs sur une base régulière. Une autre étude récente menée par Joseph Firth et son équipe à l’Université de Manchester et à l’Université de Louvain a traité des facteurs de motivation et des obstacles à l’activité physique dans ce groupe de patients. Dans cette méta-analyse regroupant 12 études avec un total de 6431 patients, les chercheurs ont constaté que pour les personnes concernées, les principales raisons motivant une augmentation de l’activité physique était l’amélioration de leur santé, perdre du poids, améliorer leur humeur et réduire le stress. Une humeur négative, une charge de stress subjectivement élevée et un manque de soutien social ont été les raisons les plus fréquemment citées comme obstacles à une activité physique régulière.
« Les aspects qui peuvent être améliorés par le sport, à savoir la réduction du stress, l’amélioration de l’humeur et l’augmentation de l’énergie sont contrebalancés par une humeur dépressive, du stress et un manque d’énergie lorsque les patients cherchent à appliquer leur résolution », écrivent les auteurs. « Il est donc important que les patients reçoivent un soutien professionnel pour surmonter ces obstacles psychologiques et maintenir la motivation pour une activité physique régulière à long terme. »
« Aucun patient ne devrait quitter un cabinet sans recommandations pour une activité physique »
Valentin Markser de l’Institut de Psychiatrie du Sport de Cologne est en faveur d’une augmentation des activités chez les personnes atteintes de maladie mentale. © Valentin Markser
Pourtant, ce problème n’est pas nouveau, dit Valentin Markser de l’Institut de psychiatrie du sport à Cologne (Allemagne) : actuellement, en Allemagne il n’existe pas de structures qui assurent que les patients ayant une maladie mentale suivent une activité physique régulière après une prise en charge par hospitalisation qui fournit régulièrement des cours de sport ou au moins motivent pour en suivre. « Il serait très important de développer et de mettre en place des programmes d’entraînement adaptés pour les personnes concernées qui seraient également pris en charge par l’assurance maladie », souligne le psychiatre sportif.
Selon lui, les médecins qui s’occupent de patients atteints de troubles psychiatriques ne sont pas toujours suffisamment conscients de l’importance de l’exercice régulier sur la santé mentale et physique. « Que ce soit chez le médecin de famille, un psychiatre, un psychothérapeute ou un neurologue, aucun patient ne devrait sortir du cabinet sans une recommandation pour une thérapie sportive et de l’exercice », dit Markser. « Pour cela, les médecins devraient être conscients qu’une telle mesure est rentable, efficace et accessible à presque tout le monde »
Idéalement, les programmes d’activités sportives devraient être développés par des experts et conçus pour avoir des effets physiologiques significatifs, comme l’amélioration de la condition cardiorespiratoire, écrivent Firth et ses collègues. La formation ne doit pas se concentrer sur la performance, mais surtout sur l’augmentation du bien-être, selon Markser, et il serait préférable de mettre en place de petits modules, par exemple, trois à quatre fois par semaine pendant 30 minutes.
Cible des professionnels : le sport sur ordonnance
« De tels programmes devraient tout d’abord fournir des informations aux patients sur les bienfaits pour la santé patients ont d’une activité physique régulière », explique Markser. « En outre, ils devraient aider les personnes concernées à choisir un sport avec lequel elles se sentent à l’aise. Pendant les cessions de cours, les patients doivent régulièrement faire des retours sur la façon dont le programme leur convient afin d’être en mesure de veiller à ce qu’ils continuent à rester motivés. » Il est également important que le programme de conditionnement physique ait un effet gratifiant. Ainsi, des études ont montré que les personnes atteintes d’une maladie mentale sévère apprécient les programmes d’entraînement en particulier lorsqu’ils améliorent l’estime de soi et l’image corporelle. « De plus, il est souvent avantageux pour les patients d’avoir plus de contacts avec d’autres personnes et de sentir qu’ils sont autonomes et capables d’améliorer leur propre santé », dit Markser.
En outre, il est également important de motiver les personnes concernées à prendre des mesures pour réduire les comportements à faible mobilité dans la vie quotidienne, écrit Vancampfort et son équipe. « Comme premières mesures simples, les personnes concernées pourraient être encouragées à se lever lors des pauses publicitaires tout en regardant la télévision et faire le tour de la pièce ou de marcher sur de courtes distances au lieu de conduire ». De plus, les facteurs qui empêchent une activité physique régulière doivent être surveillés, selon le scientifique néerlandais. En particulier, il pourrait s’agir d’effets secondaires de médicaments tels que la fatigue.
Un groupe de travail de la Société allemande de psychiatrie, psychosomatique et neurologie (DGPPN) travaille actuellement sur un projet selon lequel les patients souffrant d’une maladie mentale puissent avoir du sport « sur ordonnance », comme cela est déjà possible pour les maladies physiques chroniques telles que les maladies cardiovasculaires en Allemagne. « Les coûts seront de plus en plus souvent pris en charge par les compagnies d’assurance maladie », explique Markser.
Article deChristine Amrhein Recommander l’article
Copyright de l’image: ePi.Longo, flickr / Licence: CC BY-SA
Spécialités: Cardiologie, Médecine, Médecine générale, Psychiatrie, Recherche scientifique
Tags: Activité physique, Inaction physique, Maladie psychique sévère, Programme d‘entraînement