SYNDROMES PARKINSONIENS

Olivier Colin

Par le Dr Olivier Colin (Centre Hospitalier de Brive – Brive-la-Gaillarde) [Déclaration de liens d’intérêts]
Article commenté :
Effectiveness of home-based and remotely supervised aerobic exercise in Parkinson’s disease: a double-blind, randomised controlled trial.
van der Kolk NM, de Vries NM, Kessels RPC et al.
Lancet Neurol. 2019 ; 18(11):998-1008.

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Dans le cadre de la prise en charge globale de la maladie de Parkinson et spécifiquement non pharmacologique, l’impact de l’activité physique est actuellement très étudié. Il s’agit surtout des conditions de réalisation de cette activité physique qui sont en cours d’évaluation avec la nécessité d’études à haut niveau de preuve scientifique, permettant d’adapter les programmes d’entraînement pour en tirer le meilleur bénéfice possible.

Une récente étude néerlandaise monocentrique randomisée en double-aveugle a comparé l’effet d’un programme d’entrainement aérobie à haute intensité (pratique du vélo 3 fois par semaine pendant 30 à 45 minutes) par rapport à un programme d’activité en non-aérobie (stretching et relaxation 3 fois par semaine pendant 30 minutes).

Cent trente patients sous traitement pharmacologique stable et à un stade modéré de leur maladie de Parkinson (score de Hoehn & Yahr ≤ 2) ont été inclus. Le programme d’entraînement des patients était effectué à domicile, pendant 6 mois, et guidé par une application sur tablette avec coaching.

Les résultats ont montré une réduction significative de la sévérité du score moteur en OFF en faveur de l’activité en aérobie (amélioration de 4 points sur l’échelle MDS-UPDRS en OFF moteur par rapport au groupe non-aérobie). Cette amélioration est jugée cliniquement pertinente. Il n’y avait par contre pas d’effet bénéfique sur les objectifs secondaires, et notamment sur le score moteur en ON.

Ce résultat obtenu grâce à une étude de grande ampleur et à haut niveau de preuve converge dans le sens du bénéfice de l’activité physique suggéré par les précédentes études mais moins robustes scientifiquement.
En particulier, il pourrait s’agir plutôt du mode d’activité (c’est-à-dire en aérobie) qui importerait plus que l’exercice en lui-même (par exemple que ce soit la pratique du vélo d’appartement ou la marche sur tapis roulant).

L’absence d’amélioration sur le score moteur en ON suggère par contre que les patients pourraient ne pas ressentir le bénéfice de leur activité, pouvant engendrer une perte de motivation dans la poursuite de l’activité, d’où la nécessité d’un coaching continu.

L’approche motivationnelle guidée par un coaching via l’application sur tablette est probablement un élément important d’adhésion au programme. La faisabilité de tels programmes en vie réelle semble possible.

Ces données sont donc encourageantes mais ont été rendues disponibles grâce à l’inclusion de patients dits sédentaires et à un stade modéré de la maladie de Parkinson. Deux remarques peuvent être effectuées : d’une part, le critère d’inclusion pour la sédentarité était défini comme la pratique d’une activité physique intense < 3 fois/semaine ou modérée <5 fois/semaine, ce qui ne reflète possiblement pas d’une réelle sédentarité.

D’autre part, l’effet à un stade plus avancé n’est pas connu, et notamment au stade axial (la pratique d’une activité aérobie sur vélo d’appartement serait possible techniquement chez les patients avec freezing). Comme habituellement, des études à plus long terme seront nécessaires pour optimiser les programmes d’exercice dans leur durée et leur faisabilité.

Date de publication : 28 janvier 2020