Accueil > Newsletters > Sport santé et préparation physique – mis à jour le 20/10/2020
L’article précédent avait permis d’apporter des précisions relatives au diabète de type 2 (DT2) et aux bénéfices de l’exercice sur le contrôle de la glycémie. Cette seconde partie détaille les recommandations préconisées et des données plus précises sur les conditions de pratique physique.
Les recommandations en cas de diabète de type 2
La Société Francophone du Diabète (2011) préconise dans son référentiel « Activité physique et diabète de type 2 » les recommandations suivantes :
@MichaelLumbroso
Exercices d’endurance
- Fréquence: au moins 3 jours/semaine avec pas plus de 2 jours consécutifs sans activité physique.
- Intensité : au moins modérée, correspondant à 40-60 % VO2max.
- Durée : au minimum 150 min/semaine d’activité d’intensité modérée, pratiquée par sessions d’au moins 10 minutes, et réparties dans la semaine.
L’American Diabetes Association (ADA 2016) recommande, quant à elle, 2h30 d’effort modéré à 50-70 % de la fréquence cardiaque maximale (FC max) ou 1h15 d’effort vigoureux (> 70 % de la FC max) par semaine, idéalement réparties sur 3 séances par semaine en fractions d’efforts de 10 minutes.
De plus, pour les adultes capables de courir régulièrement à 6 milles par heure (9,7 km/h) pendant 25 minutes, il est démontré que 75 min/semaine d’activité vigoureuse fournit une protection cardioprotectrice similaire et des avantages métaboliques identiques.
Exercices contre résistance (renforcement musculaire)
- Fréquence : au moins 2 fois par semaine, sur des jours non consécutifs.
- Intensité : de modérée à 50 % d’une répétition maximum (1-RM) à élevée (75-80 % de 1-RM).
- Durée : chaque session devrait, au minimum, inclure 5 à 10 exercices impliquant les principaux groupes musculaires avec réalisation de 10-15 répétitions jusqu’à apparition de la Fatigue, avec une progression au cours du temps vers des charges plus élevées, soulevées 8 à 10 fois (= une série).
- Séries : trois séries de 8 à 10 répétitions par exercice.
Dans tous les cas, une approche très progressive est recommandée afin d’éviter le risque d’accident (musculaire, articulaire et/ou cardio-vasculaire) et suivre à long terme l’observance thérapeutique. L’importance d’une période initiale d’exercices encadrés par un enseignant en Activité Physique Adaptée ou d’un entraîneur ayant suivi une formation spécifique, est essentielle sur ce point.
L’exercice « aérobie » seul ou combiné avec des exercices de renforcement musculaire améliore le contrôle glycémique, le taux de triglycérides, et le tour de taille. L’impact de l’exercice de résistance seul sur les marqueurs de risque du DT2 demeure encore incertain.
Exercices de résistance
Même si récemment, des études intégrant des protocoles sous forme d’« Interval Training » ont montré des résultats positifs sur le contrôle glycémique des patients DT2, le niveau de preuve n’est cependant pas suffisant pour statuer sur l’intérêt de ce type d’entraînement par rapport à un entraînement classique d’endurance cardiovasculaire sous forme de travail continu.
L’activité physique peut-elle être néfaste chez les personnes souffrant de complications de DT2 ?
Selon l’INSERM et au regard des recommandations de la Société Francophone du diabète, des contre-indications concernant les personnes dont le DT2 n’est pas stabilisé ou souffrant de complications chroniques du DT2 sont à respecter :
Les patient.e.s diabétiques avec une glycémie mal contrôlée doivent éviter les APS d’intensité élevée. Pour les DT2 mal équilibrés avec une hyperglycémie supérieure à 2,5 g au moment de débuter l’exercice, l’activité physique est déconseillée, tant que la glycémie est supérieure à 2g/l.
D’autre part, certaines activités physiques et sportives peuvent avoir des conséquences néfastes sur l’état de santé des personnes souffrant d’une ou plusieurs complications chroniques du DT2 (Cross Fit, Sprint, Haltérophilie).
Concernant les complications cardiovasculaires, une activité physique régulière améliore les capacités maximales de consommation d’oxygène et a des effets bénéfices. Une vigilance accrue est nécessaire pour les activités de haute intensité (qui ne devraient pas être proposées, en temps normal), La prescription médicale est essentielle pour déterminer la nature des sollicitations envisageables.
Les activités physiques et sportives d’intensité élevée, et/ou qui nécessitent l’utilisation de la manœuvre de Valsalva [1] (par exemple en renforcement musculaire avec levée de charges lourdes), doivent être évitées chez les patients DT2 ayant une rétinopathie quel que soit son degré de sévérité ou avec une atteinte rénale sévère, une hypertension artérielle non contrôlée ou des antécédents cardiaques (coronaropathies ou insuffisance cardiaque).
La présence d’un mal perforant plantaire est une contre-indication temporaire absolue à la pratique d’une activité physique et sportive, à la fois au niveau du pied lésé mais aussi au niveau de l’autre pied. Les pratiques sollicitant les membres supérieurs sont toutefois permises. Des études ont montré, dans un cadre préventif, les effets bénéfiques de la pratique pour prévenir ce type de complication.
[1] Manœuvre de Valsalva : souffler en se pinçant le nez afin d’équilibrer la pression entre l’oreille externe et l’oreille moyenne.
Illustration : les activités aquatiques et le diabète de type 2
Les activités aquatiques sont adaptées aux personnes souffrant de DT2 du fait :
- De leur profil souvent inactif, elles permettent une reprise en douceur de l’activité physique.
- De la diminution des contraintes articulaires liées à la portance de l’eau.
- De leur impact démontré sur le contrôle glycémique.
- Des effets bénéfiques sur les comorbidités relatives au DT2 (maladies vasculaires périphériques, hypertension, profil lipidique).
De nombreuses études confirment une amélioration des marqueurs du DT2 par la pratique d’une activité physique sur terre. En ce qui concerne les activités réalisées dans le milieu aquatique, des études, encore peu nombreuses et parfois avec des résultats de faible niveau de preuve, permettent d’espérer un effet bénéfique net.
Concernant l’impact des effets aigus des activités aquatiques sur la glycémie, une étude a montré une baisse de la glycémie capillaire significativement supérieure après la réalisation de séances d’activités aquatiques en comparaison à des séances de marche ou de gymnastique « terriennes ».
Différentes hypothèses physiopathologiques peuvent être formulées pour expliquer ces meilleurs résultats de l’activité physique réalisée en milieu aquatique :
- Un nombre de muscles sollicités pendant l’activité en milieu aquatique plus important que lors de la marche.
- L’activité en milieu aquatique permet d’associer les deux types d’exercices musculaires actuellement recommandés à savoir les exercices d’endurance et les exercices contre résistance (bandes élastiques, gants palmés…)
- La dernière hypothèse pouvant être avancée est celle de la température de l’eau. On peut supposer que la température de l’environnement aquatique est plus basse que lors des activités terrestres. Pour maintenir une température corporelle stable, le corps augmenterait, dans l’eau, sa dépense énergétique et par conséquent sa consommation énergétique.
Concernant l’impact de l’activité physique sur l’hémoglobine glyquée (HbA1c), les résultats sont plus nuancés. Bien qu’une baisse ait été notée, il est difficile de séparer la part liée à la pratique sportive de la part liée à la spécificité de l’activité en milieu aquatique.
Une étude portant sur les activités aquatiques pour des patients atteints conjointement de DT2 et d’insuffisance cardiaque a cependant montré une diminution significative de l’HbA1c pendant l’entraînement régulier sur plusieurs semaines.
Des études supplémentaires sont nécessaires pour identifier les effets à long terme des activités aquatiques sur le DT2.
La structure des séances peut également influencer l’impact sur le contrôle de la glycémie pendant la séance et dans les heures qui suivent. Les activités aquatiques peuvent aisément se décliner sous une forme qui associe des exercices à dominante aérobie à des exercices contre résistance. Ces dernières sont plébiscitées dans le cadre d’une amélioration du contrôle glycémique.
Des sessions visant le développement d’une seule capacité (développement des capacités cardiorespiratoires ou renforcement musculaire) ont également une réelle efficacité sur l’amélioration de l’état de santé du diabétique de type 2.
Les séances à intensité modérée de développement des capacités aérobies pourront prendre comme support des activités comme la gymnastique aquatique, la natation, l’aquabiking…
En plus de la natation, d’autres activités issues du fitness aquatique et utilisant du matériel spécifique pour instaurer une résistance au mouvement présentent également un réel intérêt pour le renforcement musculaire.
Citons par exemple l’aquaboxing (utilisation de gants d’aquaboxing) et l’aquagym (utilisation de gants palmés, bandes élastiques, planches, donuts, …) permettant une individualisation du travail musculaire. Une variation de l’intensité du travail sera possible en manipulant les paramètres de temps d’efforts, d’angles articulaires, de vitesse de déplacement, forme et surface des instruments, profondeur …
Conclusion
Associée à une alimentation équilibrée, les bénéfices de l’activité physique et sportive pour les personnes atteintes de DT2 sont solidement établis. La prescription médicale et l’encadrement par des personnes qualifiées doivent permettre de déterminer la forme de pratique la plus adaptée à chacun car les recommandations et les précautions particulières varieront selon le type de diabète, l’âge, l’activité physique et la présence de complications liées au diabète.
Au-delà d’un meilleur contrôle de la glycémie, c’est également l’amélioration de la santé globale qui est visée.
Thierry Pinjon UPEC
Références
- N. Junoda et Pr J. Pudera. Diabète et activités physiques. Rev Med Suisse 2019 ; 15 : 278-9
- Dr P. Bacquaert. Diabète de type 2 ou 1 et activités physiques 2016 IRBMS.com
- Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Expertise collective. Activité physique– Contextes et effets sur la santé. Collection. Expertise collective. Paris : Éditions Inserm, mars 2008.
- Dr P. Dejardin, Séminaire Natation Santé, Septembre 2014, Paris
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- Macdonald CS, Johansen MY, Nielsen SM, Christensen R, Hansen KB, Langberg H, Vaag AA, Karstoft K, Liebeman DE, Pedersen BK et Ried-Larsen M. Dose-Response Effects of Exercise on Glucose-Lowering Medications for Type 2 Diabetes : A Secondary Analysis of a Randomized Clinical Trial. Article de Mayo Clin Proc dans Press, 2020
- Jan-Willem van Dijk, MSC1, Kyra Tummers, MSC1, Coen D.A. Stehouwer, MD, PHD2, Fred Hartgens, MD, PHD3 and Luc J.C. van Loon, PHD1 ExerciseTherapy in Type 2 Diabetes Is daily exercise required to optimize glycemic control Diabetes Care 2012 May ; 35(5) : 948-954.
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