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mis à jour le 14/03/2023

Activité physique et sclérose en plaques : compatibles, mais à quelles conditions ? | valdemarne.fr

« Première cause de handicap sévère non traumatique chez les jeunes adultes [la sclérose en plaques] touche 110 000 personnes en France […] avec 4 000 à 6 000 nouveaux cas par an » (Inserm, 2017).

Les trois-quarts des personnes touchées sont des femmes.

Les sportifs, même de haut-niveau, ne sont pas épargnés (e.g. : interview de Nicolas Campos[1] par Bollecker, 2019).

La question de la compatibilité de la sclérose en plaques (SEP) et de l’activité physique est récurrente en médecine et en sport.

Cette maladie chronique est notamment caractérisée par des crises accompagnées d’une grande fatigue. – Qu’est-ce que la sclérose en plaques ? – Quelles en sont ses différentes formes ? – Cette maladie est-elle compatible avec l’activité physique ?

Qu’est-ce que la sclérose en plaques ?

« La sclérose en plaques est une maladie auto-immune qui affecte le système nerveux central » (Inserm, Ibid), en lui infligeant des microlésions.

Normalement, le système immunitaire a pour rôle de défendre le patient contre les germes pathogènes (virus, bactéries, levures, champignons…).

Mais, en cas de SEP, celui-ci se retourne contre les cellules de l’organisme dont celles du système nerveux et plus précisément détruisant la gaine de myéline [2] des neurones.

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Les mécanismes auto-immuns produisent alors des lésions, disséminées à travers le système nerveux central, appelées plaques.

Ces lésions ont pour effet de provoquer des troubles moteurs, sensoriels, cognitifs et visuels.

Ces troubles peuvent entraîner des incapacités irréversibles à plus ou moins long terme.

Les traitements actuels peuvent réduire les rechutes et améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de SEP, mais ne permettent pas d’empêcher la progression de la maladie et des handicaps qui en résultent.

[1] Campos : « Triathlète émérite, Nicolas Campos avait 27 ans lorsque le diagnostic de la sclérose en plaques a été posé. Malgré la maladie, il a décidé de poursuivre ses passions et nous présente son quotidien et ses prochains défis.
[2] Gaine de myéline : « La myéline est une membrane biologique qui s’enroule autour des axones [prolongement des neurones] pour constituer une gaine » (Inserm, Op. cit.). Cette gaine protège et isole les fibres nerveuses et accélère la propagation de l’influx nerveux.

Différentes formes de la sclérose en plaques

Les symptômes de la maladie, son évolution et son impact sur la qualité de vie varient d’un patient à un autre.

Dans certains cas, les symptômes peuvent être diminués par des traitements.

  • La forme rémittente : C’est la forme la plus fréquente en début de maladie. Elle concerne 80 à 85% des cas et « […] se caractérise par des phases aiguës, les poussées, durant lesquelles les patients présentent des symptômes nombreux et intenses qui alternent avec des périodes de rémission complète, sans symptôme » (ICM, 2022). Les poussées[3] peuvent durer plusieurs jours, voire un mois, sans qu’aucun trouble n’apparaîsse entre les épisodes symptomatiques.
  • La forme secondairement progressive : Elle « […] apparaît après 5 à 20 ans d’évolution en forme rémittente chez plus de la moitié des patients » (ICM, 2022). Cette forme comporte l’installation d’un handicap progressif et permanent.
  • Les formes progressives d’emblée : Au début de la maladie, 10 à 15% des patients sont concernés par cette forme qui évolue très rapidement. « Le handicap progresse de façon continue sans phase de rémission. Généralement ces formes de SEP se déclarent chez des personnes plus âgées en moyenne vers 60 ans » (IMC, 2022).

Il est important de prendre en compte la forme de SEP pour concevoir un programme de remise en forme adapté.

[3] Une poussée de SEP est l’apparition de nouveaux symptômes ou encore l’aggravation de symptômes existants, pendant plus de 24 heures et en dehors d’une période de fièvre.

Pour être distinctes, deux poussées doivent être séparées d’au moins un mois.

Activité physique adaptée à la sclérose en plaques

« Il a été montré que les patients atteints de SEP sont moins actifs physiquement que la population générale » (Franvel, 2021).

Pourtant, on sait que les activités physiques et sportives sont reconnues pour améliorer la qualité de vie.

Si elle ne peut en aucun cas ralentir l’évolution de la maladie, une activité physique pratiquée de façon régulière est bénéfique pour les patients atteints de la SEP.

En effet, l’activité physique « améliore de nombreux paramètres comme par exemple, la fatigue, la motricité, la qualité du sommeil » (ARS d’Ile-de-France, 2019).

Il n’existe aucune contre-indication formelle à la pratique d’une activité physique.

Mais, il peut y avoir des contre-indications temporaires liées à l’évolution de la maladie.

En effet, au cours de son évolution, la fatigue du patient est à prendre en compte en s’adaptant aux capacités physiques et psychologiques du moment, l’intensité, la durée des efforts et celle des récupérations ainsi que la complexité des tâches motrices.

Il est, pour cela, judicieux d’utiliser une échelle de Borg afin de mesurer le niveau de difficulté perçue pour la réalisation d’une tâche.

Si la fatigue doit être prise en compte, c’est aussi parce qu’elle peut être associée à de la dépression et des troubles du sommeil.

L’Expanded Disability Statuts Scale (Kurtzke, 1983) permet d’évaluer le handicap en fonction du degré d’atteinte de la plupart des fonctions neurologiques :

  • Pour un score inférieur à 6, le programme de rééducation est orienté vers une prise en charge des symptômes, l’activité physique doit être fonctionnelle et axée sur la santé, avec des efforts « musculaires, cardio-vasculaires, qui jouent sur l’équilibre, les fonctions sensorielles et cognitives qui sont altérées par la SEP ». (Franvel, 2021).
  • Pour un score supérieur à 6, il ne s’agit plus d’un réentraînement à l’effort mais d’une prise en charge de réadaptation compensative avec des aides techniques, humaines et de prévention des complications.

Les activités physiques peuvent entretenir la force musculaire, les capacités respiratoires et ainsi réduire la fatigue chez les patients modérément atteints.

LES PERSONNES SOUFFRANT D’AFFECTION CHRONIQUE (OMS 2022)
Exercice cardio-vasculaire
  • 150 à 300 minutes à intensité modérée
  • 75 à 150 minutes d’activité d’intensité modérée et soutenue
Renforcement musculaire 2 fois par semaine

Programme d’entraînement, recommandé par l’OMS pour les maladies chroniques, adaptable aux personnes atteintes de SEP.

Conclusion

La SEP est une maladie chronique, qui touche le système nerveux central et qui par voie de conséquence altère les capacités physiques et mentales du patient.

Même si quelques cas illustrent des progrès remarquables et même des retours à la compétition de haut-niveau (e.g. : interview de Cécile Hernandez [4] par Le Gall, 2022), le sport et plus généralement l’activité physique ne peuvent en aucun arrêter la progression de la maladie.

Pour autant, il n’y a aucune contre-indication à la pratique d’une activité physique, bien au contraire, celle-ci peut contribuer à entretenir un mode de vie sain : La pratique sportive « améliore de nombreux paramètres comme par exemple, la fatigue, la motricité, la qualité du sommeil.

Aucun sport n’est interdit mais il est essentiel de connaître ses limites et de ne pas les dépasser.

L’important n’est pas l’intensité mais la régularité… » (ARS, 2019).

Par conséquent l’activité physique permet de réduire les effets secondaires de la maladie et de son traitement, sans pour autant la stopper (e.g. : interview de David Berty par Tourmente, 2012).

La pratique sportive doit idéalement être encadrée par un spécialiste, mais doit aussi être raisonnée.

Le pratiquant doit connaître ses limites, adapter l’intensité de son activité en fonction de la forme de SEP qui le touche et des épisodes symptomatiques.

Attention tout de même à ne pas générer une fatigue chronique, qui serait alors délétère.

[4] Cécile Hernandez : « atteinte sclérose en plaques, la sportive de 47 ans […] a remporté lundi la médaille d’or des Jeux paralympiques de Pékin […] en snowboard cross » Le Gall (2022).

Jocelyn MOISAN et Rachid ZIANE

Références :