Revue de presse Mediscoop du 05-07-2019
Par Mme Aude Rambaud (Boulogne)[Déclaration de liens d’intérêts]
Augmenter progressivement son niveau d’activité physique à l’âge adulte y compris après 60 ans, réduit le risque de mortalité totale, par maladie cardiovasculaire et par cancer sur une dizaine d’années. Sont concernées les personnes qui ont atteint en cinq ans le niveau recommandé par l’OMS d’au moins 150 min/semaine d’activité modérée à intense. Le bénéfice le plus important revenait aux personnes qui la pratiquaient déjà à un niveau important au moment de leur inclusion dans cette étude parus dans le BMJ.
Les adultes et personnes âgées gagnent toutes à se mettre à une activité physique indépendamment de leur état de santé et de leurs habitudes antérieures. C’est ce qu’indique une étude de cohorte anglaise destinée à évaluer l’effet à long terme de l’activité physique sur la mortalité toutes causes, par maladies cardiovasculaires et cancer dans la population générale.
L’analyse a concerné 14.599 hommes et femmes âgés de 40 à 79 ans issus de la cohorte European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition-Norfolk cohort. Ils ont été inclus entre 1993 et 1997 et suivis entre 2004 et 2016 pour recueillir les données de mortalité, avec une durée médiane de 12,5 ans.
L’activité physique était mesurée sur la base de la dépense énergétique liée à l’activité physique à partir de questionnaires et les données de mortalité ont été ajustées selon l’âge, le sexe, l’IMC, les antécédents médicaux, les habitudes alimentaires, le niveau de revenus, la pression artérielle ou encore les bilans lipidiques.
Ce suivi a représenté 171.277 personnes-années au cours desquelles 3148 personnes sont décédées. Celles chez qui la dépense énergétique liée à l’effort a augmenté au cours du suivi ont vu leur risque de mortalité diminuer.
Pour chaque augmentation d’1 kJ/kg/jour et par an (équivalent au fait d’être inactif à inclusion et d’atteindre en cinq ans les recommandations de l’OMS de 150 min/semaine d’activité physique modérée à intense), le risque relatif de mortalité toute cause était diminué de 24% (HR 0.76, IC 95% 0.71 – 0.82), celui de décès par maladie cardiovasculaire de 29% (HR 0.71, 0.62 – 0.82) et la mortalité par cancer de 11% (HR 0.89, 0.79 – 0.99).
Le bénéfice le plus important était enregistré pour les personnes déjà actives à l’inclusion. Leur risque de mortalité a diminué de – 38% si leur niveau d’activité physique était moyen à l’inclusion et de – 42% s’il était important (respectivement 0.62, 0.53 – 0.72 et 0.58, 0.43 – 0.78).
Pour les auteurs, atteindre et conserver un niveau d’activité physique correspondant aux recommandations pourrait potentiellement prévenir plus de 40% des décès précoces.
Référence : Alexander Mok et al. Physical activity trajectories and mortality: population based cohort study – BMJ 2019;365:l2323
[Retrouvez l’abstract en ligne]
Date de publication : 5 juillet 2019