https://www.jim.fr/e-docs/00/02/B7/04/carac_photo_1.jpg Publié le 04/06/2019

Les recommandations nutritionnelles officielles sont précises pour les nutriments pour lesquels on dispose d’informations permettant d’avoir une position scientifiquement défendable ce qui ne semble pas être le cas des aliments ultratransformés, boissons sucrés, édulcorants, additifs etc. La liste s’allonge de jour au jour, le consommateur ne sachant plus à quel aliment se vouer.

Penchons-nous sur l’acide linoléique (AL), dont le cas, moins médiatisé, est tout à fait intéressant. Ce dernier représente le principal acide oméga-6 présent dans le régime alimentaire de base et son métabolite primordial, l’acide arachidonique (AA) est tout aussi connu que lui.

Des discordances d’un pays à l’autre

Cependant, de nombreuses questions restent sans réponses et en premier lieu, quels sont les effets cardiovasculaires de ces deux substances ? Les études plaident globalement en faveur d’un bénéfice mais leurs résultats ne sont pas suffisamment précis ou concordants pour autoriser des recommandations nutritionnelles fermes, définitives… et universelles.  Les discordances dans le discours d’un pays à l’autre sont même frappantes, au point de susciter une approche synthétique qui a consisté à regrouper trente études d’observation menées dans treize pays différents.

L’objectif était de rechercher une association entre, d’une part, les taux circulants et tissulaires d’AL ou d’AA, d’autre part, le risque de maladie cardiovasculaire ou d’évènements en rapport avec cette dernière : maladie coronaire, AVC ischémique ou encore mortalité cardiovasculaire.

Les données individuelles ont été traitées au moyen d’analyses multivariées de manière linéaire et catégorielle (quintiles) avec ajustements en fonction des facteurs de confusion potentiels. Les résultats de chaque étude ont été poolés dans le cadre d’une méta-analyse avec pondération de chaque étude par l’inverse de la variance. L’hétérogénéité a été testée en tenant compte des facteurs suivants : âge, sexe, ethnie, diabète, recours aux statines ou à l’aspirine, taux plasmatiques d’acides gras du type oméga-3.

L’impression d’un bénéfice, globalement

Les trente études retenues ont inclus 68 679 participants suivis pendant une durée comprise entre 2,5 et 31,9 années. Au cours de ce laps de temps, ont été dénombrés 15 198 évènements cardiovasculaires. Les taux plasmatiques ou tissulaires élevés d’AL ont été associés à une réduction du risque de MCV sous toutes ses formes, de mortalité cardiovasculaire et d’AVC ischémique. Les hazard ratios (quintile supérieur versus inférieur) correspondants ont été respectivement de 0,93 (intervalle de confiance à 95 % IC 95%, 0,88-0,99), 0,78 (0,70-0,85) et 0,88 (0,79-0,98).

En revanche, le risque de maladie coronaire n’a pas été affecté par les taux d’AL  (0,94 ; 0,88-1,00). Pour ce qui est des taux d’AA, les valeurs élevées ont été également associées à un risque plus faible de MCV, quelle qu’en soit la forme (0,92 ; 0,86-0,99). Aucune hétérogénéité significative n’a été identifiée entre les sous-groupes qui ont permis d’établir les relations précédentes.

Cette approche synthétique qui regroupe trente études internationales, toutes d’observation, donne une idée des effets de l’AL sur le risque de MCV. Globalement, c’est l’impression d’un bénéfice qui se dessine, plus pour l’AL que pour l’AA : est-ce suffisant pour encourager la consommation des acides oméga-6 dans le but de prévenir la MVC et ses complications ? La balle est dans le camp des autorités et des experts qui rédigent les recommandations nutritionnelles propres à chaque pays et à chaque période car, par les temps qui courent, il semble que bien des copies soient appelées à être revues et corrigées…

Dr Catherine Watkins

RÉFÉRENCE : Marklund M et coll. : Biomarkers of Dietary Omega-6 Fatty Acids and Incident Cardiovascular Disease and Mortality. Circulation. 2019 ; 139(21):2422-2436.

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