https://www.jim.fr/e-docs/00/02/9E/D2/carac_photo_1.png JIM.fr Médecin Publié le 16/05/2018

Michael J. Fox ( Marty Mc Fly ) et son skate-board futuriste dans le film   I. CLAUDET*,**

*Service d’urgences pédiatriques, hôpital des enfants, CHU de Toulouse **UMR1027, Université de Toulouse

Le phénomène a été initié après la prestation de Michael J. Fox dans le rôle de Marty McFly dans le film « Retour vers le futur III », où l’on voit l’acteur s’envoler sur un skate-board futuriste. Les premiers engins ont été fabriqués en Chine en 2014, les ventes ont explosé aux États-Unis l’année suivante et entraîné l’apparition d’une accidentologie particulière (1) .

Les appellations sont variées : l’hoverboard est aussi dénommé « gyroskate » ou « smart balance scooter ». Son coût est assez élevé (200 euros environ), des modèles moins onéreux existent mais manifestement de qualité inférieure. Dans cette catégorie de nouveaux véhicules électriques individuels (NVEI ou encore véhicules électriques personnels légers), il faut aussi citer le gyropode dont les premiers modèles, fabriqués par Segway®, comportent un guidon, et les monoroues électriques ou « mono ou solo wheel» dont le coût reste élevé autour de 2 000 euros en moyenne (figure 1). Ces engins roulent à une vitesse de 10 à 20 km/h pour les hoverboards et 20-25 km/h pour les autres.

• Composition de base

Ces planches comportent une structure métallique (aluminium), des roues incluant des détecteurs de vitesse et des gyroscopes (détectant les mouvements), associés à un système de contrôle de vitesse, un processeur électronique, l’ensemble étant alimentée par une batterie au lithium.

Aspects réglementaires de leur utilisation

Il n’existe pas de réglementation particulière. Il n’y a pas d’âge limite pour son utilisation mais plutôt une limite inférieure de poids pour la détection des mouvements (20-30 kg) par les gyroscopes. En 2002, la Cour européenne avait légiféré sur le statut des Segway® et décidé qu’ils ne pouvaient pas être considérés comme des véhicules (Directive européenne 2002/24/CE du 18 mars 2002). Ils sont soumis aux règles du code de la route relatives aux piétons (articles R 412-34 à R 412-43). La législation française actuelle contraint les véhicules motorisés dépassant les 6 km/h ET disposant d’un siège à rouler sur la route.

Ceci implique que ce type de matériel n’est donc pas con cerné par l’obligation de circuler sur la route, et donc en l’absence de législation spécifique, l’utilisation du trottoir est une tolérance. Dès lors, c’est aux états membres d’émettre leurs propres lois pour ces NVEI. En France, il semble qu’une réglementation se dessine progressivement face au développement de ce type d’engins électriques. Les services publics ont émis une directive qui stipule :

– de circuler sur les trottoirs à l’allure du pas (6 km/h) avec les NVEI ;

– de respecter les feux tricolores ;

– de circuler sur les routes uniquement lorsqu’elles sont limitées à 50 km/h ;

– de se munir d’un casque et d’un gilet de sécurité ;

– d’être formé à l’usage du véhicule.

Épidémiologie accidentelle en France

Le réseau EPAC de Santé Publique France a enregistré 2 cas en 2015 et 71 cas en 2016 avec un sexe ratio égal à 1,2 et deux tiers des cas survenaient chez des enfants âgés de moins de 15 ans. Il ne semble donc pas y avoir un engouement identique à celui suscité par cette pratique aux États-Unis. Accidents rapportés Trois types de traumatismes ont été publiés : des traumatismes par chute de l’utilisateur ou par collision avec un piéton, des traumatismes digitaux particuliers ou fracture de Seymour, des brûlures soit par friction, soit par explosion de la batterie (99 cas répertoriés aux États-Unis). Une dizaine de publications relatent cette accidentologie (1-10) .

La moyenne d’âge des victimes est de 11-12 ans selon les séries (2-8). Le sexe ratio est variable : soit indifférent, soit à prévalence masculine. Le mécanisme était une chute dans 80 % des cas, les fractures dominent la distribution des lésions (60 % des cas) et sont localisées au niveau des membres supérieurs (extrémité inférieure de l’avant-bras 50 %, doigts 17 %). Les fractures ont nécessité une réduction chirurgicale dans 11 à 18 % des cas (6,7).

Fracture de Seymour

Elle résulte du coincement du ou des doigts entre la roue et la structure de l’hoverboard lorsque l’utilisateur est assis dessus et déclenche en se penchant la mise en action de la planche. La lésion est une fracture luxation ouverte de la dernière phalange avec avulsion de l’ongle (1,9,10).

Fracture du scaphoïde

Une chute bras tendus en avant sur le talon de la main est un mécanisme générateur de ce type de fracture et décrit dans d’autres pratiques identiques (roller, skateboard, heelys).

Brûlures

Plusieurs cas de brûlures graves ont été rapportées à la suite de l’implosion de la batterie, ces accidents ont été largement diffusés au travers des réseaux sociaux et sont sans doute à l’origine d’un moindre intérêt en France. Dans les autres cas, il s’agissait de brû-lures par frottement, notamment au niveau des mains.

Comparaison avec l’accidentologie liée à la pratique du skate-board

Dans notre centre, nous avons comparé les accidents secondaires à la pratique de l’hoverboard et du skate-board sur une période de 11 mois en 2017 (tableau). Il n’existait aucune différence significative en termes de sexe ratio, moyenne d’âge, localisation des lésions ou type de lésions, ou encore de recours à une intervention chirurgicale. En revanche, dans la série hoverboard, un traumatisme rénal était survenu chez une adolescente tombée sur un banc.

Recommandations actuelles

Afin d’éviter ces différents accidents et en parallèle aux recommandations inhérentes à la pratique du skate-board, il est conseillé de porter un casque et des protections de poignets et de genoux, ne pas rouler vite sur les trottoirs, et de ne pas rouler sur la route(11) . Pour éviter les risques d’incendie à partir de la batterie, il est recommandé de ne pas essayer de la démonter ou de la modifier, de ne pas la laisser en charge toute la nuit, et de ne pas acheter du matériel bon marché. En raison de ce risque, de nombreuses compagnies aériennes ont banni ce matériel de leur cabine au même titre que certains smartphones (12) .

Conclusion

La pratique de l’hoverboard semble, pour l’instant, moins populaire qu’aux États-Unis. La réglementation est inexistante mais commence à se préciser en attendant un texte de loi spécifique. L’accidentologie semble superposable à celle connue de la pratique du skate-board. L’arrivée sur le marché de nouveaux « engins » dotés d’un siège (hoverkart) ou de skate-board monoroue (single wheel longboard) (figure 2) laisse présager la publication d’autres accidents.

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Références

1. Siracuse BL et al. Injury 2017 ; 48(6) : 1110-4.
2. Do MT et al. Health Promot Chronic Dis Prev Can 2016 ; 36(12) : 316-7.
3. Sobel AD et al. J Pediatr 2017 ; 190 : 271-4.
4. Weingart GS et al. West J Emerg Med 2017 ; 18(6) : 993-9.
5. Monteilh C, et al. Musculoskeletal Injuries Associated With Hoverboard Use in Children. Clin Pediatr (Phila) 2017 ; 56(10) : 909-11.
6. Donnally CJ 3rd et al. Pediatr Emerg Care 2017 ; 33(5) : 325-8.
7. Ho M et al. Clin Pediatr (Phila) 2018 ; 57(1) : 31-5.
8. Robinson T et al. Clin Pediatr (Phila) 2016 ; 55(11) : 1078-80.
9. Kattan AE et al. Int J Surg Case Rep 2017 ; 38 : 57-60.
10. Schapiro AH et al. Pediatr Radiol 2017 ; 47(4) : 437-41.
11. US Consumer Product Safety Commission. Statement from the US CPSC Chairman Elliot F. Kaye on the safety of hoverboards. http://www.cpsc.gov/en/About-CPSC/Chairman/Kaye-Biography/Chairman-Kayes-Statements/Statements/Statement-from-the-US-CPSC-Chairman-Elliot-F-Kaye-on-the-safety-of-hoverboards/ (décembre 2015).
12. Sola K. Airlines ban hoverboards for their tendency to spontaneously ignite. Forbes (Business). http://www.forbes.com/sites/katiesola/2015/12/14/airlines-ban-hoverboards-for-their-tendency-to-spontaneously-ignite/ (décembre2015)

Copyright © Len medical, Pediatrie pratique, mars 2018