Publié le 16/10/2018
Alors que la natalité baisse aux USA, le nombre d’accouchements chez les femmes de plus de 30 ans n’a cessé d’augmenter. Conséquences de nouveaux comportements socio-économiques et d’un accès plus facile à la médecine de la reproduction, les grossesses chez les femmes de plus de 35 ans s’accompagnent de risques maternels et néonatals accrus. Qu’en est-il après 45 ans ?
Avec l’âge augmente la fréquence des comorbidités, de l’obésité, du diabète, de l’hypertension artérielle…
Une étude rétrospective faite aux USA à partir des données de la Perspective Database a permis d’analyser les risques maternels et les risques obstétricaux liés à un âge avancé des femmes enceintes. Cette banque de données regroupe environ 15 % de toutes les hospitalisations aux USA. Toutes les femmes de 15 à 54 ans hospitalisées pour un accouchement, entre 2006 et 2015, ont été incluses.
Le premier objectif était de déterminer la fréquence des pathologies maternelles graves parmi les 21 pathologies retenues par le CDC (Centers for Disease Control) : choc, accident vasculaire cérébral, défaillance cardiaque… et toute pathologie ayant nécessité une transfusion sanguine. Le second objectif était d’évaluer, en fonction de l’âge des femmes, les comorbidités et les complications obstétricales : césarienne, pré-éclampsie, éclampsie, hémorragie du post-partum, hystérectomie.
Près de 37 millions de femmes ont été incluses : 2,5 % avaient entre 15 et 17 ans, 29,1 % entre 18 et 24 ans, 28,6 % entre 25 et 29 ans, 24,9 % entre 30 et 34 ans, 12,1 % entre 35 et 39 ans, 2,6 % entre 40 et 44 ans, et 0,2 % entre 45 et 54 ans.
Des risques élevés aux deux extrémités de la période d’activité génitale
Entre 2006 et 2015, la proportion de naissances chez les femmes de 15 à 17 ans a baissé de 47 % et chez les femmes de 18 à 24 ans de 15 %. La proportion de naissances a augmenté de 4 % chez les femmes de 25 à 29 ans, de 18 % chez les femmes de 30 à 34 ans, de 5 % chez les femmes de 35 à 39 ans, de 8 % chez les femmes de 40 à 44 ans, et de 26 % chez les celles de 45 à 54 ans.
Le risque de pathologie maternelle grave, durant les trois dernières années, était plus élevé chez les femmes de 45 à 54 ans, de l’ordre de 5,3 %, alors qu’il n’était que de 2,7 % chez les femmes de 40 à 44 ans et de 1 % chez les femmes de 35 à 39 ans. Après ajustement, le risque pour les femmes de 45 à 54 ans comparé à celui des femmes de 25 à 29 ans (groupe de référence) est donc beaucoup plus élevé : risque relatif = 3,46 (intervalle de confiance à 95 % IC : 3,15- 3,80).
Le taux de césarienne a été de 62,8 % pour la tranche d’âge 45-54 ans, alors qu’il était de 31,7 % pour la tranche d’âge 25-29 ans.
La fréquence de la pré-éclampsie a été de 10,4 % chez les femmes de 45 à 54 ans, alors qu’il était de 6,1 % dans la tranche d’âge juste précédente, 40-44 ans. Les femmes de la tranche d’âge 15-17 ans avaient aussi un taux plus élevé que la moyenne : 5,4 %.
La fréquence de survenue d’une hémorragie du post-partum a été de 4,8 % chez les femmes de 45 à 54 ans, et là aussi les plus jeunes avaient un taux plus élevé que la moyenne : 3,3 %.
Le taux de diabète gestationnel augmentait de manière linéaire de 1,5 % chez les femmes de 15-17 ans à 16,4 % chez les femmes de 45 à 54 ans.
Enfin, chez les femmes les plus âgées il y avait davantage de thromboses, d’hystérectomies, d’accidents vasculaires cérébraux. Par contre, c’est parmi les femmes les plus jeunes qu’on observait le plus d’éclampsies.
Cette étude confirme que les grossesses « aux extrémités » de la période d’activité génitale font courir plus de risques aux femmes. En vingt ans, les grossesses très précoces ont vu leur fréquence diminuer de manière importante. Les femmes qui envisagent tardivement une grossesse doivent être averties des risques qu’elles courent.
Dr Catherine Vicariot
RÉFÉRENCE – Sheen J-J, Wright JD, Goffman D, et coll. : Maternal age and risk for adverse outcomes. Am J Obstet Gynecol., 2018; 219: 390.e1-15.
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