Par Catherine Couturier

un médecin vérifie la pression artérielle de son patient Profession Santé logo 30/08/2021

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis à jour ses lignes directrices pour le traitement pharmacologique de l’hypertension chez les adultes.

Les dernières lignes directrices de l’OMS sur le sujet remontant à deux décennies, l’OMS actualise ainsi ses recommandations, notamment sur le seuil de tension artérielle à partir duquel il faut instaurer un traitement médicamenteux.

Ces nouvelles lignes directrices (en anglais seulement) fournissent les plus récents conseils de santé publique et sont fondées sur les données probantes concernant le traitement de l’hypertension chez les adultes.

L’hypertension fait augmenter le risque de cardiopathie et d’affection cérébrale ou rénale. Alors que l’hypertension reste une des causes principales de décès dans le monde, l’OMS veut aider les pays à améliorer sa prise en charge.

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Plusieurs pays émettent déjà des guides ou des lignes directrices spécifiques à leur population (comme le Canada), mais les lignes directrices de l’OMS se veulent générales, dans un contexte où de nouvelles tendances dans la gestion de l’hypertension ont été adoptées (abandon des bêtabloquants comme premier traitement, augmentation d’une approche combinée, etc.).

Le document pourra servir de guide pour l’établissement des lignes directrices par pays, étant donné la nature controversée de certains enjeux, par exemple le moment de commencer le traitement pharmaceutique, et la pertinence d’effectuer des tests en laboratoire et d’évaluer les risques cardiovasculaires préalablement.

Ces lignes directrices offrent également des recommandations quant aux types de médicaments pour le traitement de l’hypertension et aux cibles de tension artérielle, ainsi que sur le suivi de l’hypertension chez les adultes (fréquence et contrôle de la tension), dans le but d’aider les médecins et les autres soignants à améliorer la détection et la prise en charge de l’hypertension.

Les recommandations pharmacologiques du guide s’adressent aux adultes de 30 à 79 ans, en excluant les femmes enceintes, dont le diagnostic d’hypertension est confirmé (par exemple sur la base d’une tension artérielle élevée prises sur deux différentes journées).

Les lignes directrices offrent des recommandations dans huit domaines:

    • Seuil de tension artérielle pour commencer les traitements pharmacologiques
    • Test en laboratoire avant et durant les traitements pharmaceutiques
    • Évaluation des risques cardiovasculaires comme guide pour commencer les antihypertenseurs
    • Classes de médicaments à être utilisés comme traitement de première intention
    • Thérapie combinée
    • Cibles de tension artérielle
    • Fréquence du contrôle de la pression artérielle
    • Administration des traitements par des professionnels de la santé autres que des médecins

De plus en plus d’hypertension

Malgré les dernières avancées en médecine, le nombre d’adultes de 30 à 79 ans hypertendus aurait doublé au cours des 30 dernières années.

C’est ce qu’a révélé l’analyse menée par l’OMS et l’Imperial College London, dans la revue The Lancet

Celle-ci était la première analyse mondiale complète de l’évolution de la prévalence, de la détection, du traitement et de l’équilibre de l’hypertension.

Les données utilisées proviennent de 1201 études portant sur 104 millions de participants âgés de 30 à 79 ans dans 184 pays (mesure de la tension artérielle et données sur le traitement).

Le nombre d’adultes de 30 à 79 ans hypertendus dans le monde est passé de 650 millions de personnes en 1990, à 1,28 milliard en 2019.

Pire, environ 580 millions de personnes ne savaient pas qu’elles étaient hypertendues, et près de la moitié des hypertendus (720 millions) n’étaient pas adéquatement traités.

Pourtant, l’hypertension est facile à diagnostiquer et relativement simple à traiter, avec des médicaments peu coûteux.

Il y a 30 ans, les taux d’hypertension des pays les plus riches étaient les plus élevés, mais la plus forte prévalence se trouve maintenant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

Le Paraguay avait le taux de prévalence le plus élevé chez les hommes et les femmes (62 et 51%).

Les 10 premiers pays où la prévalence de l’hypertension chez les hommes et chez les femmes avait diminué dans les trois dernières décennies étaient, à une exception près, des pays riches (sauf le Malawi, qui occupe la dixième position chez les hommes).

Le Canada, quant à lui, se classait dans le « Top 3 » des pays où la prévalence de l’hypertension était la plus faible en 2019 pour les femmes (20% de prévalence), et était au 4e rang pour les hommes (24%).