PAERPALe Quotidien du Médecin Martin Dumas Primbault  28.09.2018

Crédit Photo : S. ToubonZoom

Politique de santé Dépendance-Autonomie-Aidants Rémunération-Honoraires-ROSP

Alors que l’expérimentation du parcours des personnes âgées en risque de perte d’autonomie (PAERPA) devait s’achever fin 2018, il a été décidé de la prolonger une année de plus sur les mêmes bases. Une décision qui peut surprendre à la lecture du bilan très mitigé réalisé par l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (IRDES), publié au mois d’août.

Lancé en 2014 dans 9 territoires pilotes (étendus à 16 en 2016), le dispositif PAERPA vise à renforcer la coordination entre les professionnels de santé de premier recours pour faciliter le parcours des personnes âgées de plus de 75 ans menacées par la perte d’autonomie.

Deux outils principaux sont développés : la coordination territoriale d’appui (CTA, un guichet unique dédié à la population visée et aux professionnels de santé) et le plan personnalisé de santé (PPS), document sous l’égide du médecin traitant qui formalise la coordination médico-sociale. Pour faciliter leur utilisation et mettre en harmonie tous les acteurs, des formations pluriprofessionnelles à destination des médecins, infirmiers, pharmaciens, kinés et aides à domicile sont prévues.

Du mieux en 2017

Quatre ans après son lancement, le bilan laisse perplexe. Dans son étude détaillée menée sur sept critères − cinq sur le recours à l’hospitalisation (durée cumulée de séjour, réhospitalisation à 30 jours, séjours non programmés, hospitalisations évitables et passages aux urgences) et deux sur la médication (polyprescription continue et prescription inappropriée) − à partir des chiffres de 2015 et 2016, l’IRDES ne relevait aucun « impact mesurable » des expérimentations PAERPA. Seuls quelques territoires pouvaient se targuer d’une évolution favorable sur des critères précis : l’Aquitaine et le Nord-Pas-de-Calais sur la polymédication et la Lorraine sur le recours aux urgences non suivies d’hospitalisation.

Un constat décevant qui n’a pas empêché le ministère d’annoncer ce vendredi la reconduction du dispositif pour 2019. Dominique Libault, président du comité national PAERPA, a défendu en présence de Mathilde Lignot-Leloup, directrice de la Sécurité sociale, « une montée en charge sur l’année 2017 » qui justifie cette décision.

Il met en avant une hausse de 13 % des PPS entre 2017 et 2018 (pour un total de 11 200 depuis décembre 2014) et une sollicitation des CTA qui va crescendo, aussi bien de la part des libéraux que des établissements de santé (+32 % chacun). « Cela montre bien que PAERPA répond à de réels besoins de coordination sur les territoires », se félicite Mathilde Lignot-Leloup.

Rodage

Bons élèves de l’expérimentation, les professionnels de santé du territoire mayennais se défendent d’un potentiel échec et justifient le temps de rodage du dispositif. « Les premières années ont consacré un temps d’appropriation et de mise en place, rassure le Dr Luc Duquesnel, chef d’orchestre du projet. C’est toute l’organisation territoriale qui est bouleversée. » 

De fait, PAERPA impose un décloisonnement nouveau entre l’hôpital, le médico-social et l’ambulatoire. Pour les médecins, c’est l’expérimentation d’une rémunération forfaitaire, 100 euros par an pour l’ouverture d’un PPS à partager entre les professionnels y concourant. « Sur certains territoires, la pratique ambulatoire a été révolutionnée », poursuit le généraliste mayennais. « On est encore au tout début du processus et les objectifs fixés sont extrêmement ambitieux », abonde Dominique Libault.

Une nouvelle évaluation de l’IRDES incluant les chiffres 2017 est espérée pour début 2019. En attendant, l’expérimentation PAERPA sera prolongée pour l’année à venir dans sa forme actuelle – et sur les mêmes territoires – à la faveur d’un arrêté prolongeant l’article 51 de la LFSS 2018 (sur l’innovation organisationnelle). Affaire à suivre donc, puisque Dominique Libault visee une généralisation du dispositif en 2020.

Source : Lequotidiendumedecin.fr