Une image contenant Police, Graphique, typographie, graphisme

Description générée automatiquement & Une image contenant texte, Police, Graphique, logo

Description générée automatiquement

mardi 6 février 2024

Actualités & Opinions > Société Française du Cancer –  Aude Lecrubier – AUTEURS ET DÉCLARATIONS  – 2 février 2024

Tribune : « Il est temps de choisir le camp de la santé contre toute forme d’obscurantisme » (medscape.com)

France __ « Il est temps de choisir le camp de la santé contre toute forme d’obscurantisme ». Le ton est donné.

Dans une tribune publiée dans l’Express et signée par des sociétés savantes et syndicats représentant plusieurs milliers de médecins, des médecins alertent sur les dérives constatées sur les réseaux sociaux et dans certains médias à grande audience, qui partagent et diffusent de fausses informations scientifiques et médicales au détriment de la santé publique.

Les signataires* appellent les autorités à prendre des mesures pour contrer ces tendances et se font force de propositions.

Exemples à l’appui

Parmi les fausses informations dénoncées dans la tribune, l’inefficacité présumée des vaccins anti-Covid ou leur implication dans la survenue de cancers, de maladies de Creutzfeldt-Jakob, d’accidents vasculaires cérébraux ou d’infarctus du myocarde, « alors qu’aucune donnée épidémiologique ne rapporte une quelconque augmentation de ces maladies en lien avec la vaccination ».

Autre fake news, l’idée d’une intégration de brins d’ADN vaccinaux dans le génome humain à partir de vaccins à ARN messager, ce qu’aucune « donnée crédible de biologie moléculaire ne corrobore ».

Les signataires de la tribune insistent également sur le fait que les données concernant les effets indésirables des vaccins n’ont pas été dissimulées, mais au contraire divulguées en toute transparence.

« Suite au constat de thromboses graves chez des sujets jeunes avec l’un des vaccins anti-Covid utilisant un vecteur viral, son utilisation a été suspendue, sans que jamais rien ne soit caché au public.

Ces cas sont néanmoins demeurés très rares, et illustrent le fait que le système national et international de pharmacovigilance a parfaitement fonctionné ».

De fausses allégations dangereuses

Interrogé par Medscape édition française sur les risques liés à cette désinformation, le Dr Manuel Rodrigues, oncologue à l’Institut Curie, Président de la Société Française du Cancer et l’un des initiateurs de cette tribune souligne tout d’abord que « le débat scientifique est sain, mais qu’il n’est pas possible de débattre avec des personnes qui n’apportent aucune preuve ».

Concernant les risques, il explique qu’ils sont de deux types : personnel et communautaire.

« A titre personnel, les risques sont liés aux conséquences du refus du traitement de référence et à l’engagement dans des pratiques non prouvées.

Il faut essayer de protéger l’individu mais il dispose de sa liberté individuelle.

Sur le plan communautaire, refuser un vaccin, par exemple, c’est exposer les autres aux risques.

En diminuant la couverture vaccinale contre la rougeole, notamment, on voit apparaitre des foyers épidémiques qui mettent en danger les plus jeunes (<2 ans) et les plus âgés, les plus fragiles, les plus immunodéprimés (dont les patients en cours de chimiothérapie) chez qui les vaccins marchent moins bien.

En oncologie, l’exemple des vaccins contre les papillomavirus et contre l’hépatite B sont éloquents.

Les pratiques de charlatan telles que le respirianisme** ou le jeûne « dit thérapeutique » sont de bons exemples de risques « personnels » mais qui peuvent basculer en risque « communautaire » quand les pratiquants font du prosélytisme, souvent en affirmant avoir guéri d’un cancer sans donner aucune preuve de ce qu’ils avancent ».

**Le respiriannisme (ou inédie) est un mouvement qui prône l’absence totale ou quasi-totale de nourriture et de boisson [NDLR].

Propositions

Dans ce contexte, les signataires de la tribune appellent à un sursaut des instances.

« Il est plus que jamais impératif de soutenir la législation sur les dérives sectaires en cours de révision à l’Assemblée nationale, plus précisément en introduisant des sanctions pour ceux qui incitent à abandonner ou à dénigrer un traitement médical reconnu.

De même, l’article 27 de la loi de 1881 sur la liberté de la presse concernant la publication, la diffusion ou la reproduction de fausses nouvelles, qui s’applique en cas de trouble à la paix publique, devrait également concerner les cas de mise en danger de la santé publique », indique la tribune.

Dans un tweet, le Dr Jérôme Barrière, oncologue et membre du Comité Scientifique de la Société Française du Cancer, partenaire de Medscape, appelle à un plan national contre la désinformation médicale.

« Il est désormais plus que nécessaire que gouvernement, élus de la nation fassent déjà appliquer les textes de loi et sortent de leur lenteur ou aveuglement qui n’ont que trop duré », insiste-t -il.

Il encourage « la systématisation de la formation continue des médecins en matière de lutte contre la désinformation mais aussi contre les pseudos-sciences qui se développent sans restriction parfois même disponible avec plateforme de prise de RDV à distance » et à « la création d’une plate-forme d’information médicale de référence et collaborative sur laquelle pourrait s’appuyer les citoyens mais aussi les élus locaux face à la problématique grandissante de réunions publiques complotistes, antiscience, ayant lieu dans des salles publiques financées par les collectivités ».

L’oncologue appelle enfin à s’interroger sur les motivations de ceux qui sont derrière la diffusion de ces fausses informations. « Rappelez-vous ceci : la désinformation médicale n’est jamais gratuite.

Elle a un coût – la santé de ceux qui l’écoutent – et elle rapporte, en argent ou en voix aux élections, à ceux qui la font ».

*Liste des signataires

Dominique Deplanque, président de la Société française de pharmacologie et thérapeutique ; Manuel Rodrigues, président de la Société française du cancer ; Mathieu Molimard, président honoraire du Collège national de pharmacologie médicale ; Jérôme Barrière, membre du conseil scientifique de la Société française du cancer ; Rémi Salomon, président de la Conférence nationale des présidents de CME de CHU ; Alain Fischer, président de l’Académie des sciences ; Bernard Castan, président de la Société de pathologie infectieuse de langue française ; Catherine Barthélémy, Présidente de l’Académie nationale de médecine ; Olivier Saint-Lary, président du Collège national des généralistes enseignants ; Christophe Leclercq, président de la Société française de cardiologie ; David Laharie, Secrétaire général de la Société nationale française de gastro-entérologie ; Luc Mouthon, président de la Société nationale française de médecine interne ; Nathalie Salles, présidente de la Société française de gériatrie et de gérontologie ; Claudia Lefeuvre, Présidente du Collectif des présidents de CME d’Unicancer ; Christian Chabannon, Président de la Conférence des Présidents de CME de CLCC ; François Vrtovsnik, président de la Société francophone de néphrologie, dialyse et transplantation ; Virginie Gandemer, présidente de Société française de lutte contre les cancers et les leucémies de l’enfant et de l’adolescent ; Jean-Marc Classe, président de la Société francophone de chirurgie oncologique ; Jean-Yves Blay, Président d’Unicancer ; Véronique Vendrely, présidente de la Société française de radiothérapie oncologique ; Didier Mayeur, président de l’Association francophone des soins oncologiques de support ; Annie-Pierre Jonville-Bera, présidente du Réseau des centres régionaux de pharmacovigilance ; Joelle Micallef, présidente du Réseau des centres d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance-addictovigilance ; Arnaud Robinet, président de la Fédération hospitalière de France ; Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre – syndicat ; Franck Devulder, président de la Confédération des syndicats médicaux français ; Agnès Giannotti, Présidente de la Fédération française des médecins généralistes ; Mélanie Rica, présidente de Médecins pour demain ; Patricia Lefébure, présidente de la Fédération des médecins de France ; Patrick Gasser, président de l’union syndicale Avenir spé – le Bloc ; Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France ; Jérémy Darenne, président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France ; Raphaël Dachicourt, président du Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants ; Florie Sullerot, présidente de l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale.

LIENS

Crédit de Une: Dreamstime © 2024 WebMD, LLC

Citer cet article: Tribune : « Il est temps de choisir le camp de la santé contre toute forme d’obscurantisme » – Medscape – 2 févr 2024.